J’ai envoyé le premier numéro de cette newsletter le 17 août 2021, le jour où j’ai pris l’engagement d’écrire un roman et de le faire publier. Demain, ça fera 1000 jours que j’écris. Cette newsletter est donc un peu spéciale : c’est pour moi l’occasion de faire le bilan du projet et des apprentissages faits en cours de route. Bonne lecture !
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Comment tout a commencé…
Je me revois en ce 17 Mai 2021, le jour où j’ai eu trente ans. Nous en étions au troisième confinement. Cela faisait des mois que les bars et les restaurants étaient fermés, et que la France vivait au rythme des vagues du Covid. Assis en soirée sur la terrasse d’un bel hôtel où nous nous étions évadés le temps d’une soirée, je me rappelle avoir tendu à Emilie ce texte écrit la veille, tard dans la nuit.
« Je crois que je veux m’y remettre ».
J’ai toujours eu un drôle de rapport à l’écriture. Quand j’écris, je me demande pourquoi je m’inflige ça. Mais quand je n’écris pas, la question revient encore et encore, comme une ritournelle : “tu rêves d’être écrivain. Alors pourquoi est-ce que tu n’écris pas ?”.
Il y a trois ans, c’est ce qui a fini par me décider. Comme une prise de conscience, à la veille d’un changement de dizaine. Les rêves sont des faux amis. Ils sont un vecteur de motivation sans pareil, et nous donnent la foi nécessaire pour déplacer les montagnes. Mais on peut aussi passer sa vie à rêver, sans jamais passer à l’action. Pendant des années, j’avais vécu dans ce paradoxe. Et je voulais que ça change.
Le projet initial
À ce moment-là, j’avais entre les mains un manuscrit achevé en 2014 lors d’une année passée au Canada. Vous ne trouvez pas le temps d’écrire ? Voici une méthode infaillible : partez dans un pays où vous n’avez pas de copains, pas de revenus, et où il fait -30° l’hiver. Efficacité garantie.
Ce manuscrit, je le ressortais des tiroirs une ou deux fois par an. Chaque fois, je le relisais en entier, corrigeant quelques passages à la volée. En 2020, j’avais finalement tenté de l’envoyer à 5 éditeurs. Malheureusement, échec cuisant. C’est probablement ce qui expliquait pourquoi j’avais du mal à m’y remettre : le texte avait besoin de gros changements pour être amélioré… Mais je savais les dizaines d’heures que cela demanderait. Et ce travail, je ne trouvais pas le courage de le commencer.
“Tu veux mon avis sincère ? Ton manuscrit actuel a déjà quelques années… Tu penses que tu vas réussir à t’y replonger ? Si tu veux écrire un livre, tu devrais peut-être repartir de zéro.” C’est ce que m’a dit Emilie lorsque je lui ai confié mon projet. J’ai bien pesé le pour et le contre... Et j’ai finalement décidé de passer outre son avis, et de reprendre mon vieux manuscrit. Je n’arrivais pas à accepter de le laisser dormir au fond d’un tiroir. Ma résolution était prise : je me laissais un an pour retravailler le livre et trouver un éditeur. L’optimisme des débuts.
Finalement, ce n’est pas une année qu’il a fallu, mais deux. Deux ans pour couper un bon tiers des chapitres, ré-écrire les passages qui manquaient, relire et raccourcir le texte, faire appel à des bêta-lecteurs, intégrer leurs retours et encore raccourcir le manuscrit, puis trouver de nouveaux lecteurs, et corriger encore, et encore, et encore.
Les vertus de l’échec ?
Après deux ans de travail, j’en étais au stade où mon manuscrit me sortait par les yeux. Après une ultime phase de correction, je décidais qu’il était temps de retenter ma chance, en renvoyant le livre aux éditeurs. Cette fois-ci, il fallait mettre toutes les chances de mon côté : après une étude approfondie du marché, je décidais de cibler >20 maisons d’édition.
Spoiler alert : j’aurais mieux fait d’écouter Emilie dès le début. Malgré quelques retours argumentés soulignant les qualités de l’écriture et suggérant des pistes concrètes d’amélioration, pas de réponse positive. J’avais des feedbacks concrets, de réelles pistes pour retravailler le livre et le rendre encore meilleur. Sauf qu’arrivé à ce stade, je n’en pouvais plus de cette histoire. En dix ans, je l’avais relue une trentaine de fois au moins… Et je n’arrivais plus à me projeter sur une ènième phase de correction, dont les résultats n’avaient rien de certain.
J’avais travaillé, avec ardeur, avec passion. Et j’avais échoué. Coup dur. J’ai donc ressenti le besoin de prendre une pause. On dit que l’échec est formateur et nous permet de nous améliorer. C’est une certitude, oui. Mais ça ne le rend pas moins douloureux.
Et puis, en octobre dernier, je me suis retrouvé à la croisée des chemins. Restaient deux choix : renoncer… Ou poursuivre.
Après quelques semaines de pause, je me suis décidé pour l’option 2. Faire la part des choses entre mes propres qualités et celles de mon travail a été difficile. Mais je me le répétais en boucle : le souci pouvait venir de l’histoire, du thème, de l’intrigue, des attentes du marché ou simplement des contraintes économiques des maisons d’édition… Les éditeurs avaient rejeté un manuscrit. Ils n’avaient pas rejeté Alexandre Courbin en bloc. Il restait donc une chance… À condition de repartir à zéro.
Un nouvel espoir
Après deux mois à réfléchir à la structure d’une nouvelle intrigue, j’ai commencé le 1er Janvier à coucher les mots sur le papier. Le manuscrit d’un second roman était en train de naître. Je précise que l’écriture est un à-côté par rapport à mon “vrai” travail, et que j’avance donc lentement. Mon objectif : écrire une heure, chaque jour.
Petit à petit, ce nouveau manuscrit prend forme. J’approche des 60 000 mots, soit environ 180 pages. J’écris un nouveau livre. Il y a un an, je ne m’en sentais pas capable. Et pourtant, en avançant une page après l’autre, ça n’a rien d’impossible.
Et voilà donc le bilan de ces trois ans de travail :
Un manuscrit… et demi !
500 pages écrites
67 éditions de cette newsletter, qui totalisent 250 pages (tout de même !)
640 abonnés qui continuent de me lire deux fois par mois (+80% depuis que j’ai commencé la promotion “sérieusement” en novembre) ;
Et, encore et toujours, ces soixante minutes, chaque jour, consacrées à l’écriture
Les apprentissages
Il y aurait beaucoup de leçons à tirer de ces longues heures de travail. Pour éviter d’étirer encore cette newsletter trop longtemps, voilà les trois qui me semblent les plus importantes :
On apprend à avancer malgré les doutes : je n’ai aucune certitude de réussir un jour à atteindre mon rêve. Je ne sais pas si je suis un bon écrivain. Je ne sais pas si je serai publié. Si je le suis, je ne sais pas ce que le public pensera de mon travail. Je veux croire que je suis légitime pour écrire. Mais en réalité, je n’en sais rien. Et c’est OK. Parce que malgré les doutes, les peurs et le (réel) risque d’échouer, je sais que tant que je ne m’arrête pas, il reste une chance pour que ça marche. Alors, tant pis pour les doutes : je continue.
“Fall in love with the process” : pourquoi écrire, au final ? Pourquoi s’infliger ça, pourquoi se battre ainsi contre soi-même, quand on sait que la réussite a si peu de chances d’être au rendez-vous et que la carrière d’écrivain reste réservée à une poignée de happy few ? Probablement car ce n’est pas le résultat qui compte. Je n’aurais pas tenu aussi longtemps si je n’étais pas tombé amoureux de l’écriture. Que ce soit pour m’évader, pour me rassurer, pour travailler ma capacité à rêver ou simplement pour imaginer d’autres vies que la mienne… Je suis incapable d’expliquer comment ça marche, mais j’ai moins de questionnements existentiels depuis que je me suis mis à écrire.
La quête nous transforme : si l’écriture est si profitable, c’est aussi parce qu’elle nous transforme. Oui, j’ai écrit un manuscrit qui a été rejeté. Mais même dans les moments difficiles, lorsque je m’accable en me demandant si je n’ai pas fait tout ça pour rien… Je sais que la réponse est non. Certes, je n’ai pas réussi à publier ce roman. Mais je suis devenu un meilleur écrivain, et, j’espère, une meilleure personne.
J’ai passé des heures à étudier des méthodes et techniques pour améliorer mon travail. J’ai été lire des dizaines d’oeuvres pour m’en inspirer, j’ai même disséqué des romans entiers au scalpel, scène par scène. Toutes les deux semaines, j’ai pris quelques heures pour réfléchir à mon avancée et à ce que je pouvais en apprendre, et je vous ai partagé mes apprentissages en espérant que ça puisse vous inspirer ou vous aider à vous lancer.
Conclusion
Au final, je ne suis pas très sûr d’où j’en suis après ces mille jours d’écriture… Mais ce qui est certain, c’est que je n’en suis plus au point de départ, et que j’ai toujours mille raisons d’être fier de ce projet.
Tout au long de ces trois dernières années, cette newsletter a tenu son rôle : me faire avancer régulièrement, y compris dans les moments de creux. Je ne sais pas si j’y serais arrivé tout seul, et tout ça, c’est probablement aussi grâce à vous… Alors, merci d’être là !
Je serai en vacances prochainement, je ne sais donc pas encore s’il y aura une newsletter dans deux semaines. Je vous retrouve bientôt, et je vous souhaite de bien profiter du mois de Mai qui s’annonce !
J+999.
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N’hésitez pas à partager mon travail autour de vous, cela m’aide beaucoup à faire découvrir la newsletter à de nouvelles personnes !
Merci de partager ton périple d'écriture ! Je te souhaite beaucoup de réussite pour la suite.
Et très d'accord avec toi sur le fait que de tomber amoureux-se du processus est la clé pour avancer et vivre de belles aventures !
Bravo pour la ténacité et les progrès. Ça paiera, c'est une certitude.