📚 J+474 - Il a lu 40 livres sur l’écriture en deux ans

Qu'apprend-on en lisant des ouvrages techniques sur l'écriture ? Réponse avec Grégoire Giot, l'auteur d'une super page Instagram sur le sujet.

⏱ Temps de lecture : 4 minutes

Bonjour à tous, et bienvenue dans cette 35ème édition ! 

Depuis un an, j’ai commencé à suivre sur Instagram pas mal de comptes sur l’écriture, où je pioche régulièrement des conseils. Parmi eux, l’un des projets que je trouve le plus intéressant est celui de Grégoire Giot. 

Désireux de devenir romancier, Grégoire a commencé à lire de nombreux livres sur l’écriture et les techniques narratives. Deux ans plus tard, il en a lu plus de quarante, et continue de poster régulièrement ses nouvelles découvertes sur sa page. 

J’ai pu interviewer Grégoire il y a quelques jours, et la discussion était riche ! Au programme : 

1. Ce qu’on apprend dans les livres sur l’écriture

2. Quels conseils donner aux auteurs débutants

3. Les 3 livres à lire quand on débute en écriture

Bonne lecture !

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Aux origines du projet : l’envie d’apprendre

Grégoire a 26 ans, il est passionné de fiction depuis son enfance. Il a grandi avec Harry Potter, Star Wars et le Seigneur des Anneaux, des mondes riches et propices à la stimulation de l’imagination. Adolescent, il commence à traîner sur des forums d’écriture, et à imaginer son propre univers. Il en discute beaucoup avec des amis, écrit parfois des dialogues ou des petites scènes, pour se faire la main. 

Une fois son bac en poche, Grégoire s’oriente vers des études de littérature, au cours desquelles il suit des ateliers d’écriture, participe à des concours de nouvelles, et continue de mûrir ce projet de roman. Et puis, il y a deux ans, une fois son master en poche, ça y est : il se lance enfin dans l’écriture de ce livre qui lui trotte dans la tête depuis si longtemps. 

Pourtant, après une centaine de pages, il se rend compte qu’il n’est pas satisfait de ce qu’il produit. Curieux de comprendre ce qui lui manque, il décide de mettre l’écriture en pause quelques temps, et d’aller chercher dans les livres la connaissance qui lui fait défaut. Pour se motiver, il ouvre une page Instagram, et s’engage à y publier un avis complet pour chaque ouvrage qu’il aura décortiqué, pour aider d’autres jeunes auteurs (dont je fais partie) à découvrir les ouvrages techniques utiles quand on débute. 

En deux ans, Grégoire a lu des dizaines de livres, allant des manuels purement techniques portant sur la structure d’une histoire et la construction des personnages, à des ouvrages plus diversifiés tels que des essais théoriques ou des témoignages d’écrivains célèbres. 

Qu’apprend-on dans les livres sur l’écriture ?  

Principal enseignement après autant de livres lus : un roman, c’est complexe et polymorphe. Tous les spécialistes de la narration le précisent en préambule : oui, ils présentent des éléments intemporels utilisés dans les bonnes histoires… Mais ces règles ne sont pas faites pour êtres suivies à la lettre. Au contraire, bien les connaître permet de jouer avec, les contourner, les modifier... 

Un roman n’est pas un objet rigide : il peut prendre de nombreuses formes, en fonction de la direction dans laquelle part l’auteur. Comme en cuisine, les livres sur l’écriture donnent des recettes qui ont fait leurs preuves. Il n’est pas pour autant obligatoire de les utiliser. Ces recettes reprennent les éléments qui transcendent les styles et les époques : le conflit, la structure narrative, la transformation d’un héros…

Là où Grégoire a été piocher le plus de conseils, c’est en narratologie, c’est-à-dire l’ensemble des manières de raconter des histoires. Le sujet fascine les auteurs et philosophes depuis des milliers d’années : déjà dans sa Poétique, Aristote décomposait les éléments-clés qui composent les grandes tragédies. Aujourd’hui, de nombreux scénaristes américains ont écrit des ouvrages très complets pour aider les jeunes auteurs à comprendre les clés d’une histoire accrocheuse, que ce soit pour un film, une série ou un roman. 

A travers tous ces livres, Grégoire a surtout découvert les raisons qui le poussent à écrire, sa motivation réelle à se lancer dans ce projet.

En effet, toute oeuvre permet à un écrivain d’explorer un thème qui lui est cher, comme l’amour, le rejet, le deuil, l’espoir, la liberté, la religion, le passage à l’âge adulte, le courage, etc.

Au fil des livres, Grégoire a commencé à conscientiser son histoire, et à mieux comprendre de quoi il souhaitait vraiment parler. Savoir quel personnage incarne quoi, quel est le message final… L’exercice est bien plus facile une fois qu’on a compris pourquoi on veut écrire une histoire. 

Quels conseils pour des auteurs débutants ? 

Le premier conseil serait de se détacher de l’image romantique de l’écrivain frappé par l’inspiration. Ce mythe tenace perdure en France, et est entre autres entretenu par le système scolaire et l'université. On n’apprend pas (plus ?) à écrire en cours de français, on se concentre plutôt sur l’étude de textes : bref, sur une approche intellectuelle et pas artistique de l’écriture. 

En étudiant uniquement des textes finis sans montrer les processus de réécriture, on laisse penser que le talent est spontané et immédiat. Pourtant, il faut le répéter et le marteler : le premier jet ne sera JAMAIS parfait. La réécriture tient un rôle fondamental dans le travail de la très grande majorité des écrivains. En particulier quand on débute. 

Deuxième conseil : si beaucoup d’auteurs reconnus conseillent de beaucoup lire et beaucoup écrire pour progresser, ils sont moins nombreux à simplement recommander d’être curieux. Curieux de soi-même, curieux de son projet : se demander pourquoi on veut écrire cette histoire-ci, ce personnage-là. Pourquoi ce choix de thème, de genre littéraire, d’histoire… Avant de se lancer à corps perdu dans un défi d’une si grande envergure, c’est bien de savoir pourquoi on le fait. 

Enfin, le dernier conseil est d’aller au-delà des a priori. Par exemple, même une personne convaincue qu’on n’apprend pas l’écriture dans les livres n’a rien à perdre à aller en lire au moins un, pour mettre ses idées reçues à l’épreuve d’autres visions. 

Quels livres recommander quand on débute en écriture ? 

Parmi tous les livres qu’il a lus, j’ai demandé à Grégoire de me donner les ouvrages qu’il a trouvé les plus intéressants, et qu’il recommanderait à des auteurs débutants. Il m’en a cité trois. 

“Inside story” de Dara Marks, porte sur l’arc transformationnel des personnages. Comment décrire la transformation d’un personnage, du point A au point Z, et le faire évoluer de manière réaliste ? L’autrice déroule une analyse poussée de ce qui, dans la tête du lecteur, lui fera trouver une histoire crédible ou pas. 

“L’anatomie du scénario” de John Truby est un incontournable, qui explique pas à pas les éléments éprouvés pour écrire une bonne histoire. Le livre a l’avantage d’être beaucoup plus accessible que des ouvrages techniques plus creusés et exhaustifs comme “Story” de Robert McKee ou “Le guide du scénariste” de Christopher Vogler, deux ouvrages célèbres mais difficiles à digérer quand on débute. 

Enfin, “Personnages et points de vue” d’Orson Scott Card est aussi facile d’accès, et permet de comprendre en détail comment forger les caractéristiques d’un personnage marquant avant de le plonger dans cette histoire qu’on veut lui faire vivre. 

En parallèle de ces livres, Grégoire m’a aussi recommandé de regarder des interviews d’auteurs et d’éditeurs, notamment celles disponibles sur la chaîne Youtube “Les artisans de la fiction”.

Enfin, évidemment, vous pouvez rejoindre Grégoire sur Instagram !

De mon côté, notre discussion m’a donné envie de mettre un ou deux de ces livres sur ma liste au Père Noël. Mon premier roman est quasiment terminé, certes, mais j’aimerais faire en sorte que le prochain soit bien construit dès le début - et ne nécessite pas un an de réécriture une fois le 1er jet terminé ! 😅

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Les stats de la semaine

Sur le roman :

• C’est partagé ! En Mai dernier, j’avais lancé une première phase de bêta-lecture, et six d’entre vous avaient accepté d’effectuer une première relecture de mon roman, pour m’aider à identifier ses forces et faiblesses. L’exercice avait été extrêmement utile, et m’a aidé à élaguer mon manuscrit pour le faire passer de 450 à 290 pages en quelques mois.

• J’ai partagé cette nouvelle version de mon manuscrit à une dizaine de gamma-lecteurs (dont une professionnelle). Objectif : récolter une dernière salve d’avis d’ici l’envoi aux éditeurs fin Janvier.

• Conséquence : je FLIPPE. Tant que je retravaillais mon texte, je ne pensais pas trop à la suite, mais maintenant qu’il est quasiment fini, je ne peux pas m’empêcher de douter : et s’il ne plaît à aucune maison d’édition ? Et si j’avais fait tout ça pour rien ? Etc. Je me rassure en me disant que c’est une réaction normale après tout ce temps, et que je verrai bien une fois les retours reçus.

Sur la newsletter :

• J’ai commencé à reprendre le travail de promotion sur les réseaux sociaux. C’est chronophage, mais ça se construit petit à petit : nous sommes désormais 260 ici, et près de 2500 sur LinkedIn 🔥

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Conclusion

Comme le disait Grégoire, l’inspiration n’est pas magique. Même les grands écrivains ont été des débutants un jour, et la lecture seule ne suffit pas toujours à se rendre compte de ce qui fait les qualités d’un bon texte. En piochant dans les ouvrages théoriques, on peut gagner énormément de temps et découvrir ce qui réduit la qualité de notre style ou de nos histoires. 

Notre discussion aura été riche d’enseignements, et m’a donné très envie d’aller creuser un peu plus dans les livres pour continuer de me perfectionner… Peut-être pas aller en lire 40, mais un ou deux, c’est un bon début ! 

J’espère que cette interview vous aura plu. On se retrouve dans 2 semaines.

J+474.