J-247 - Le plan d’action
Pour réussir à faire publier ce roman, j’ai besoin d’une vue globale de l’avancement du projet, d’objectifs ambitieux, et de points d’étape. Bref : il me faut un plan de bataille.
“Tout objectif sans plan n’est qu’un souhait" - Antoine de Saint-Exupéry.
A la fin de la dernière édition, je vous ai confié que je ne partais pas de zéro pour écrire ce roman qui me tient à cœur. A vrai dire, j’ai écrit le manuscrit il y a déjà plusieurs années. J’avais mis le point final à cette histoire en juin 2014, dans l’avion qui me ramenait d’une année passée au Canada.
Il m’avait fallu moins d’un an pour écrire ce manuscrit. Alors pourquoi, sept ans plus tard, en suis-je toujours au même stade ?
La réponse est simple : pendant longtemps, je n’avais pas de plan d’action.
Ecrire n’est qu’un début
J’ai toujours cru que la partie la plus compliquée dans le fait d’écrire un livre, c’était justement l’écriture elle-même. Mais j’avais largement sous-estimé la durée de tout ce qui se passe après avoir écrit le premier jet.
En partant au Canada, j’avais un objectif : revenir avec un manuscrit complet dans ma valise. Cet objectif m’a donné le courage d’avancer tout au long de l’année, malgré plusieurs interruptions au cours desquelles je ne touchais plus à l’écriture pendant un à deux mois.
A mon retour, j’étais euphorique. Le manuscrit était écrit. Mission accomplie, non ?
…
Eh bien malheureusement, non. Cette newsletter en est la preuve !
Écrire un livre est un travail titanesque. Rédiger le premier jet du manuscrit en est certainement la part la plus difficile. Mais cette étape est aussi la plus motivante : l’histoire est là, quelque part dans votre tête, et vous ressentez tous les jours ce besoin viscéral de l’écrire, de la faire sortir, jusqu’à avoir la nuque en vrac et la main ankylosée (oui, j’écrivais à la main. Pire idée du monde, nous y reviendrons).
Une fois le texte achevé, et l’histoire intégralement couchée sur le papier, beaucoup d’auteurs conseillent de ne plus y toucher pendant au moins un mois. Ce laps de temps permet de prendre de la distance par rapport au texte. L’objectif est de pouvoir re-découvrir son manuscrit avec un œil nouveau.
Et c’est là que les choses se gâtent.
Relire les premières pages de mon manuscrit me procure toujours un sentiment de dégoût. Ce texte dont j’étais si fier, et que j’avais pourtant relu au fur et à mesure, me semble à chaque fois si grossier, si imparfait… Il y a tant de petits détails à corriger !
C’est donc là que commence le travail de relecture.
La relecture permet d’alléger le style, d’optimiser les tournures, d’identifier les faiblesses de la trame narrative, de repérer les situations peu crédibles... Mais il faut se méfier de la relecture, car quand on est perfectionniste, elle devient un travail sans fin.
Un manuscrit ne sera jamais parfait. A chaque relecture, j’ai toujours eu envie de corriger des mots, des phrases, des petits bouts de l’histoire... C’est cette quête de la perfection qui m’a fait perdre tant de temps. Une fois par an environ, je ressortais le manuscrit de son tiroir, et je prenais quelques semaines pour en faire une nouvelle relecture. Puis, finalement, blasé par ce travail de Sisyphe, je le reposais et le laissais dormir pour encore quelques mois, le temps que ma motivation revienne.
Ma pire erreur : remettre à plus tard
Alors, qu’est-ce qui manquait à ce travail appliqué de polissage ?
Deux choses :
un objectif
et un plan d’action
Car au fond, pourquoi écrire un livre ? Pour être lu.
Comment faire pour être lu ? Il faut être publié.
Et comment faire pour être publié ? Il faut qu’un éditeur vous donne une chance.
Pendant toutes ces années où je relisais, je me disais qu’une fois fier de mon texte, je le soumettrais à un éditeur. Quand est-ce que le moment viendrait ? Ça n'avait pas d’importance. J’étais convaincu qu’un jour, je serais prêt.
Rétrospectivement, je pense que ce fut ma principale erreur. Je m’étais laissé jusqu’à mes 30 ans pour devenir écrivain. J’en avais 23 en achevant le manuscrit. Je pouvais bien prendre mon temps, non ?
Sauf que sans objectif précis, sans date butoir, le temps a commencé à faire ce qu’il fait le mieux : filer, filer, filer. Les semaines, les mois passaient de plus en plus vite, sans que mon manuscrit ne progresse d’un iota. Et c’était bien normal : je n’y touchais pas.
“Plus tard”. Ces deux mots sont le drame des rêves contrariés.
Si, à mon retour en France, j’avais travaillé avec autant d’ardeur que lorsque j’étais au Canada, je suis convaincu que ce qui m’a pris 7 ans aurait pu être accompli en six mois.
A travailler en dilettante, recopier le manuscrit sur ordinateur m’a pris plus de deux ans (note importante : malgré le charme désuet de l’écriture manuscrite, je vous conseille d’écrire directement sur Word ; à défaut, recopiez vos textes au fur et à mesure). Ensuite, il m’a fallu près de 5 ans pour faire, quoi, cinq ou six relectures ?
Sans un objectif clair, et sans un plan précis pour l’atteindre, on en est réduit à formuler des vœux et à espérer qu’ils se réalisent.
Le besoin de s’organiser
C’est ce constat qui m’a décidé à reprendre en main mon projet littéraire. Et plutôt que de me lancer dans une énième relecture, j’ai décidé de changer de méthode et de mettre en place un plan d’action.
J’y vois deux avantages : je sais à l’avance ce sur quoi je vais travailler en m’installant devant mon texte ; et j’espère conserver ma motivation au fil des semaines, grâce à une vision claire de ce que j’ai déjà accompli et de ce qui me reste à faire.
Pour établir ce plan d’action, il m’a fallu être lucide sur le temps que je peux consacrer à l’écriture. J’ai un poste à temps plein en entreprise, je donne des cours à côté une à deux fois par mois, et je dois désormais avancer conjointement sur le roman, et sur cette newsletter. Et tout ça, c’est sans compter la vie sociale et sentimentale, et sur un déménagement à venir le mois prochain. F-A-C-I-L-E.
Contrairement à beaucoup d’écrivains professionnels, je ne peux pas espérer travailler 4 à 5 heures par jour. Mais, comme eux, je peux m’astreindre à écrire quotidiennement, même moins longtemps. J’ai donc inscrit dans mon agenda des plages de 1h à 1h30, chaque jour, consacrées à l’écriture. Pour l’instant, j’y ajoute environ 4h par semaine pour travailler sur Un Rêve Un Seul.
En théorie, cela signifie que je peux travailler sur mon roman au moins 8h par semaine. Nous sommes à 35 semaines de l’échéance. Ça représente 280 heures de travail. Allez, arrondissons à 300. Imaginez tout ce qu’on peut accomplir en y travaillant 300 heures !
Mon plan de bataille
Sur cette base, voilà les jalons-clés que je me suis fixés pour atteindre mon objectif :
Août :
Sortir le manuscrit du placard ✅
Lister les différentes scènes pour obtenir un plan visuel du roman ✅
Analyser l’arc narratif de chaque personnage pour établir sa cohérence et ce qu’il apporte à l’histoire ✅
S’appuyer sur les enseignements du stage d’écriture et sur cette vue macro pour identifier les incohérences et les scènes à corriger ou à supprimer (objectif de réduire la taille du roman d’au moins 10 à 20%) ✅
Préparer un brouillon de plan du roman et clarifier la structure narrative de chaque chapitre et chaque personnage 🔜
Septembre :
Finaliser le brouillon du plan du roman 🔜
Ecrire un synopsis détaillé d’une dizaine de pages, et vérifier sa cohérence avec un regard extérieur
Prendre contact avec des écrivains confirmés pour leur demander des conseils autour de la structure du roman 🔜
Lancement de la phase de réécriture (cible : 18/09)
Octobre :
Suite et fin de la phase de réécriture (cible : 31/10)
Rechercher deux à trois bêta-lecteurs ayant des compétences techniques pour obtenir des retours constructifs
Novembre :
Faire une 1ère relecture sans corriger, en prenant juste des notes sur ce qui fonctionne ou pas
Echange avec les bêta-lecteurs sur leurs conseils pour améliorer le manuscrit
Perfectionnement des 20 premières pages, celles qui devront accrocher l’éditeur et le comité de lecture
Décembre :
2nde relecture visant à éliminer les formulations redondantes, paragraphes inutiles, etc. (“méthode Stephen King” : votre roman sera bien meilleur si vous en enlevez 10%)
Lecture à voix haute
Rechercher un titre (sondage ?)
Identification de 5 à 10 éditeurs à qui adresser le livre
Janvier :
Relecture finale
Mise en forme typographique
Validation du titre
Impression du manuscrit
Envoi aux éditeurs
Février :
Relâche !
Travail sur d’autres projets, concours de nouvelles, newsletter, interviews…
Comme vous le remarquez, mon plan est ambitieux : je veux tenter d’envoyer mon manuscrit fin Janvier, période relativement “creuse” pour les maisons d’édition (d’après les conseils d’une éditrice avec qui j’ai eu l’occasion de discuter - j’y reviendrai 😉 ).
Cela signifie finir le manuscrit avec plusieurs mois d’avance par rapport à l’échéance que je me suis fixée… Mais il faut garder à l’esprit que l’industrie du livre travaille dans le temps long : beaucoup de maisons d’éditions reçoivent plusieurs dizaines de manuscrits par jour, et mettent 6 à 12 semaines pour apporter une réponse aux écrivains qui les contactent.
Achever de retravailler ce manuscrit d’ici fin Janvier est peut-être illusoire... Mais je veux y croire, rien que pour me laisser une chance d’avoir une réponse avant le 17 Mai prochain 🎂 Parce que l’objectif de cette newsletter n’est pas seulement d’écrire un roman en moins d’un an : c’est aussi de le faire publier !
Allez, en avant. Maintenant que le plan d’action est prêt, il s’agit de le mettre en œuvre.
J-247.
Salut Alexandre, puisque tu aimes les objectifs chiffrés et les méthodes techniques et rigoureuses pour écrire / réécrire, je te conseille aussi l'outil Scrivener, un Word largement amélioré. Mona