💀 Comment gérer le doute lorsqu'on écrit ?
Ou comment mettre des baffes à son syndrome de l'imposteur.
Bonjour bonjour, bienvenue dans cette 75ème édition !
Quand on écrit, c’est bien d’avoir des compagnons de route : l’entrain, l’espoir, la motivation, l’inspiration… Mais au milieu de tout ce beau monde, il y en a un qui a souvent tendance à se taper l’incruste : le doute.
Passager clandestin de beaucoup d’écrivains, le doute n’est pourtant pas une fatalité. Il est possible de le comprendre, de l’apprivoiser, et -même !- de le faire taire.
Au programme aujourd’hui :
D’où vient le doute en écriture ?
Pourquoi le doute n’est pas (toujours) notre ennemi
Trois méthodes simples pour gérer ses doutes (avec Lorie, Inoxtag et David Goodenough)
Bonne lecture !
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D’où vient le doute en écriture ?
Le doute me semble indissociable des activités humaines, et en particulier des activités nouvelles. Par définition, quand on fait quelque chose pour la première fois, on ne sait pas comment faire. On a donc de fortes chances de se planter. Et ça, notre cerveau n’aime pas du tout. Alors, on se questionne. Est-ce que c’est vraiment une bonne idée ? Est-ce que je ne vais pas être ridicule ? Est-ce que je n’ai pas mieux à faire là maintenant, par exemple lancer une lessive ?
Le doute est d’autant plus vicieux lorsqu’on écrit (ou lorsqu’on veut écrire), car on se compare constamment. On se compare aux classiques étudiés à l’école, on se compare à notre livre de chevet, on se compare au best-seller du moment. Pas la meilleure manière de prendre confiance en soi. C’est comme se comparer à Usain Bolt avant même de s’être mis à la course à pied.
Syndrome de l’imposteur, pression sociale, effet nouveauté… Les causes sont multiples, mais quoi qu’il en soit, soyons clairs : en écriture, douter est incontournable.
On doute la première fois qu’on prend un stylo, on doute la première fois qu’on relit son texte, on doute à chaque fois qu’on rencontre un blocage, on doute avant de se mettre à écrire, pendant, et après. Au moins, c’est dit.
Pourquoi le doute n’est pas (toujours) notre ennemi
A première vue et comme l’aurait dit Descartes, “douter, c’est pas ouf”. Douter, c’est avoir peur. Et la peur peut rapidement devenir paralysante, et pousser à l’immobilisme. Par peur d’échouer, on peut vite se découvrir une tendance naturelle à ne rien tenter.
Heureusement, le doute peut s’apprivoiser ! Parce qu’il a beau être omniprésent, ce n’est pas toujours un sentiment négatif. C’est le doute qui pousse à se dépasser et à progresser pour devenir meilleur.
C’est aussi le doute qui permet de s’ouvrir à la critique. Tous les éditeurs vous le diront : rien de plus insupportable que ces auteurs convaincus d’être des prodiges de la littérature, qui répondent aux refus de manuscrits par des insultes voire des menaces (véridique). Sans doute, pas d’humilité, sans humilité, pas de progrès.
Bref, si vous savez que vous avez tendance à douter de vous, commencez par vous dire que ce n’est pas grave. D’ailleurs, même les plus grands doutent, eux aussi !
Mon libraire me racontait récemment qu’il a la chance d’être ami avec Pierre Lemaitre. “LE” Pierre Lemaitre. Prix Goncourt, un des auteurs les plus vendus en France, et tout ça. Eh bien, il m’expliquait que même Pierre Lemaitre passe sa vie à douter. Est-ce que le prochain roman sera aussi bon que le précédent ? Est-ce qu’il mérite vraiment son succès ? Est-ce que tout ça n’est pas juste une vaste fraude ? Etc. Si mon libraire l’a dit, c’est bien que c’est vrai.
Au fait…
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Trois méthodes simples pour gérer ses doutes
Alors OK, le doute n’est pas toujours néfaste ; mais ce n’est pas non plus le compagnon de route le plus agréable. Si vous sentez que la peur vous empêche d’avancer, voici trois méthodes qui devraient vous être utiles.
La méthode David Goodenough : “au pire, c’est pas grave”
Quand je me suis mis à écrire, j’avais tellement fantasmé ma future vie d’écrivain à succès que j’en avais oublié un léger détail : pour ça, il fallait écrire. Et je me souviens, pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, cette peur constante que ça ne marche pas. Mais qu’est-ce que je risquais, au pire ? Ne pas devenir un écrivain à succès ? Well, guess what : c’est pas grave !
On se fait une montagne de nos propres peurs, alors que les conséquences sont souvent minimes. Un bon exercice consiste à écrire ses craintes sur une feuille de papier, et pour chacune d’entre elles, à imaginer le pire scénario possible.
Exemple : “j’ai peur de ne pas aller au bout de mon manuscrit” → quel est le pire qui pourrait arriver ? → je ne le termine pas, j’avais raison → Et alors ? → Ca m’aura pris du temps et de l’énergie → Est-ce que c’est grave ? → Mmmh… Bah non, au moins, j’ai tenté ; en plus, j’ai progressé en cours de route, ça pourra m’aider pour un prochain manuscrit.
Rappelez-vous : rien n’est sacré. Au pire, c’est pas grave. Vous aurez essayé, et c’est déjà pas mal.
La méthode Kaizen : “petit pas par petit pas”
Kaizen, c’est le documentaire qu’a sorti récemment le youtuber Inoxtag, dans lequel il raconte son année de préparation pour tenter l’ascension de l’Everest. Kaizen est un terme japonais reposant sur l’idée d’amélioration progressive et continue, petit pas par petit pas.
Que ce soit pour écrire un livre, pour trouver un éditeur, ou pour réussir à vivre de sa plume, c’est pareil : ces objectifs sont titanesques, et peuvent demander des années d’efforts. Quand on regarde la montagne à gravir, on se sent rapidement dépassé.
L’objectif, c’est donc de fixer des objectifs intermédiaires, plus rassurants, plus faciles à atteindre, et de se concentrer sur ses progrès. Avant de vouloir écrire un livre, commencez par écrire une page. Puis un chapitre, puis un second, etc.
On ne fait pas la course contre les autres ; on la fait contre soi-même. Et l’important, c’est de devenir chaque jour un peu meilleur que la veille. Tant qu’on ne fait pas demi-tour, on n’a pas fait tout ça pour rien.
La méthode Lorie : la positive attitude
Avec cette ref’, je pense avoir perdu tout mon lectorat de moins de 30 ans. La positive attitude, c’est une chanson de Lorie sortie en 2004 (attention les yeux si vous allez voir le clip). Pourquoi on en parle ?
Parce que la racine du doute, c’est souvent la manière dont on se perçoit nous-mêmes. On passe beaucoup trop de temps à se flageller, à s’accuser de ne pas être suffisamment bon / fort / talentueux / motivé / déterminé / imaginatif / etc. Or, c’est difficile de réussir si on ne croit pas un minimum en ses chances de succès.
Pour devenir plus, deux suggestions d’exercices :
La visualisation positive : prenez 30 secondes pour imaginer que votre objectif est atteint. Pensez à votre lecteur idéal en train de découvrir votre texte, de sourire à vos blagues, de tourner les pages bien après minuit parce qu’il n’arrive pas à lâcher… Ou bien imaginez-vous en train de terminer une première session d’écriture, avec un texte d’une ou deux pages devant vous, et pensez à toute la fierté qui va avec. Rêver, ça fait du bien, non ?
Le journal de gratitude : l’objectif est d’habituer son esprit à repérer des choses positives au quotidien, et de devenir plus optimiste. L’idée ? Prendre chaque jour une minute pour écrire 3 choses qui vous ont fait du bien. Par exemple “j’ai coupé mon téléphone et j’ai pris 30 minutes sans distractions pour écrire”, ou encore “j’ai lu la super newsletter d’Alexandre Courbin”
Bref, pour conclure, je vous laisse avec cette citation de Victor Hugo qui vous permettra de briller en société : “Tout corps traîne son ombre, et tout esprit son doute”.
Mes découvertes récentes
🎬 Un court-métrage touchant : j’ai beaucoup aimé Les belles cicatrices, court-métrage d’animation primé à Cannes, pour ses couleurs poétiques, pour la beauté de sa mise en scène et pour son thème émouvant.
🤯 Comment le cinéma joue sur nos biais psychologiques : épisode passionnant du podcast Comment c’est raconté sur le film Memento de Christopher Nolan. On y apprend comment le réalisateur exploite les biais de notre cerveau, théorisés par le Nobel Daniel Kahneman, pour surprendre encore et encore le spectateur.
Avant de partir…
Pour fêter le passage des mille abonnés (2x la taille de mon village, quand même), je réfléchis à organiser un verre le mois prochain. L’idée ? Trouver un endroit sympa pour parler d’écriture entre abonnés, le temps d’un goûter ou d’une soirée.
J’espère que cette édition vous aura plu, et que vous vous sentez désormais capables de mettre des baffes à vos zones de doute, à votre syndrome de l’imposteur et à tout ce qui vous fait peur au quotidien. Dites-moi en commentaire si vous voyez d’autres méthodes !
À dans deux semaines,
J+1153.
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Journal de gratitude :
- J'ai lu l'excellente newsletter d'Alexandre Courbin.
- J'ai pensé à Scapin : "Et je hais ces cœurs pusillanimes qui pour trop prévoir les suites des choses n'osent plus rien entreprendre."
- Je doute encore plus, alors je continue d'écrire.
Excellente, la vanne sur le système carcéral du papier froissé !