Bonjour à tous, 71ème édition, à lire tranquillement entre deux épreuves des JO ! 🥇
Je vous écris du Sud-Ouest où je profite des après-midis plage pour réfléchir à la fin de mon histoire. Depuis que j’ai attaqué le manuscrit en janvier, ma fin me semblait claire... Sauf qu’au moment d’écrire le dernier tiers du roman, blocage : elle ne l’est en fait pas tant que ça. Bonne nouvelle néanmoins : ça m’aura pris un mois (🥵), mais ça se dégage enfin ! Je vais reprendre la rédaction dans les jours qui viennent.
Aujourd’hui, on parle donc de comment trouver la fin parfaite pour son histoire, celle qui marque le lecteur pour (très) longtemps. Bonne lecture !
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L’importance du bouquet final
L’intérêt du lecteur pour une oeuvre de fiction tient à son envie de connaître la fin. Que ce soit avec un livre, un film ou une série, nous avons tous connu cette sensation irrésistible de curiosité qui nous pousse à lire un chapitre de plus, à regarder encore un épisode. C’est le rôle de l’intrigue, dont on parlait dans cette édition (“Pourquoi me liriez-vous ?”) : pousser le lecteur à se poser des questions, jouer avec sa curiosité pour l'amener à tourner les pages.
La fin est le point d’orgue vers lequel converge l’histoire. L’intrigue se résout, et les questions qui ont émergé tout du long trouvent enfin leur réponse. Plus la fin est réussie, plus le roman va marquer durablement le lecteur.
La fin “classique” (d’après mon ancienne prof de français)
Dans la structure littéraire classique que nous avons tous étudiée au collège, le récit commence avec une situation initiale, perturbée par un événement déclencheur, suite à quoi se déroulent des péripéties, qui amènent à une résolution, et à une nouvelle situation finale.
Ce qui caractérise la situation initiale comme la situation finale, c’est leur stabilité : ce qui valait la peine d’être raconté a été raconté, et la vie reprend un cours normal. Dans Le Seigneur des Anneaux, Frodon et Sam rentrent enfin dans leur Comté natale. Dans Harry Potter, Voldemort est vaincu et Harry peut enfin vivre heureux. Dans Le Roi Lion, Simba a récupéré le trône qui lui revenait de droit.
Le dernier chapitre de l’histoire sera souvent dédié à présenter cette nouvelle situation d’équilibre, et à dépeindre ce que sera la vie des personnages maintenant que leurs aventures sont terminées. C’est le fameux “Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”.
A-t-on envie d’être classique ?
Une bonne fin est cohérente avec le reste de l’histoire, et répond aux questions qui ont émergé pendant l’intrigue. Ça fonctionne, et ça évite au lecteur de rester sur sa faim. C’est bien. Mais il n’y a qu’un problème… Ça risque d’être un peu terne.
Pourquoi ? À cause de la peak-end rule.
…
Plaît-il ?
Pas de panique, je vous explique. La peak-end rule, ou “règle de l’apogée-fin”, est un biais psychologique théorisé par Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie. En gros, quand nous pensons à une expérience passée (comme lire un livre ou regarder un film), notre mémoire se focalise sur deux choses : le moment le plus fort (peak), et la fin (end).
Imaginons qu’un livre vous a tenu en haleine pendant 800 pages, mais que la fin vous déçoit. Le récit aura beau vous avoir plu pendant 90% du temps… Vous finissez sur un goût amer, une impression durable de déception. C’est ça, la peak-end rule.
Et c’est tout le risque avec les conclusions “classiques” : se priver de la meilleure des occasions d’éblouir le lecteur.
Au fait…
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Ecrire une fin inoubliable
Si vous souhaitez impressionner votre lecteur, il existe une technique plus difficile à mettre en oeuvre, mais diablement efficace : le twist. Le twist est un rebondissement final, une ultime surprise, qui donne une nouvelle lumière à l’ensemble du récit.
En plus de conclure l’intrigue avec brio, le twist pousse le lecteur à revivre l’histoire dans son intégralité, cette fois-ci en tenant compte de cette information qu’il vient de découvrir et que l’auteur lui avait caché si longtemps.
Alors bien sûr, écrire une fin marquante ne se décrète pas dans les cinquante dernières pages. Au contraire, votre effet devra avoir été mûrement réfléchi depuis la genèse même du roman et l’écriture des premières lignes.
Parmi les oeuvres les plus connues présentant un tel twist, on peut citer The Usual Suspects (bien vu pour ceux qui ont la ref’), Fight Club ou encore Le Sixième Sens. Plus récemment, j’ai aussi trouvé des twists réussis dans Mon mari de Maud Ventura ou dans Alex de Pierre Lemaitre.
Dans l’avant-dernière édition sur la transformation des personnages, je vous parlais de la technique du “rebondissement-révélation” : lorsqu’un personnage vit ou découvre une chose qui l’affecte suffisamment pour changer sa vision du monde. Le twist permet de faire vivre la même chose au lecteur.
Alors bien sûr, toutes les histoires n’ont pas forcément besoin de finir sur un twist aussi fort. Certains retournement scénaristiques sont même devenus des poncifs, par exemple le fameux “et en fait, tout ça n’était qu’un rêve”. Mieux vaut une fin sans twist qu’un twist raté.
Pour autant, il est possible de créer une fin marquante sans aller jusque-là, en glissant dans les ultimes pages du récit une dernière révélation ou un dernier détail à l’attention du lecteur.
Bien avant d’écrire la fin, demandez-vous si votre histoire pourrait bénéficier d’un twist ou d’une surprise de ce genre. Si vous en trouvez un qui vous satisfait, glissez des indices ici et là tout au long de l’écriture - des petites phrases qui n’ont l’air de rien… Mais qui permettront au lecteur, au moment de refermer le livre, de réaliser que la réponse était là, sous ses yeux. De vivre ces quelques minutes de flottement qui marquent la conclusion des grandes oeuvres, et qui font ressortir les textes inoubliables.
Hop, au boulot !
Le mot de la fin…
J’espère que cette 71ème édition vous aura plu. Nous sommes de plus en plus nombreux ici, et ça fait plaisir 😊 Je vais probablement prendre une petite pause avec la newsletter afin de me consacrer au roman, donc prochaine édition pour début septembre !
Lisez, écrivez, reposez-vous, bref : passez un bel été 😎
J+1083.
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Je découvre avec toi la peak-end rule, super intéressant !
Pour mes romans, comme j'aime planifier les intrigues, je prépare tout le chapitrage avant d'écrire. Mais j'ai remarqué que quand je n'ai pas assez creusé cette phase d'idéation, la fin reste ouverte, je dispose de 2-3 options. Si je décide de me lancer quand même parce que la plume me démange, c'est l'écriture elle-même qui décide. Avec l'expérience, ces situations se réduisent, mais il faut savoir laisser son inconscient prendre les rênes (pas trop quand même). Si on se laisse surprendre, et que ça fonctionne niveau dramaturgie, on peut parier que le lecteur sera surpris !
super intéressant ! merci Alexandre :)