🕸 J+544 - Comment construire un réseau de personnages ?
Dans un roman, plus il y a de personnages, plus c'est compliqué. Heureusement, il y a une solution : le réseau de personnages.
⏱ Temps de lecture : 3 minutes
Bonjour, bienvenue dans cette 40ème édition !
Dans une newsletter précédente, je vous avais parlé de la difficulté de devoir gérer beaucoup de personnages à la fois dans mon manuscrit. C’est un problème pour beaucoup de primo-romanciers — heureusement, il y a des techniques pour s’y retrouver.
Dans cette édition, vous allez apprendre :
Comment construire un (bon) récit avec plusieurs personnages ?
Les cinq piliers de la différenciation
Bonne lecture !
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I. Comment construire un (bon) récit avec plusieurs personnages ?
Les risques principaux quand on ajoute trop de personnages dans une histoire, c’est que le lecteur finisse par s’y perdre, qu’il se désintéresse de l’intrigue, ou que le résultat final soit déséquilibré.
Il faut bien comprendre que chaque nouveau protagoniste introduit dans le récit va nécessiter un minimum de développement et de caractérisation, surtout s’il s’agit d’un personnage principal. Mais plus l’auteur prend du temps et de l’espace pour présenter et caractériser ses héros, plus l’intrigue en elle-même (le fil rouge de l’histoire) risque d’en pâtir.
La solution face à ce risque, c’est de développer un véritable réseau de personnages.
L’objectif ? Clarifier la trame des relations qui existent entre chacun d’entre eux.
Vous aurez compris pourquoi ce travail peut s’avérer laborieux quand on a trop de personnages : l’effort est exponentiel ! Avec seulement 2 personnages principaux, il n’y a qu’une seule relation à envisager, donc 2 trames : quelle est la relation de A avec B, et quelle est la relation de B avec A. Ca va, c’est facile.
Maintenant, passons à 3 personnages. Relation de A avec B et C, relation de B avec A et C, etc. On en arrive déjà à 6 trames. Avec 4 personnages, on en est à 12 trames… Et ainsi de suite. C’est pour ça qu’il est très important de réfléchir à ces éléments avant de décider si oui ou non, on compte ajouter un nouveau personnage à son histoire.
Pour construire des relations d’ensemble qui restent cohérentes, le mieux est de créer ce réseau de manière progressive. Partir des deux personnages les plus importants du roman, A et B, et bien détailler leur relation, jusqu’à en être satisfait. Et ensuite seulement, ajouter C dans l’équation.
Enfin, il ne faut pas oublier que les relations entre personnages doivent être dynamiques : elles peuvent (et doivent) évoluer au fil de l’histoire. Il peut donc y avoir une situation initiale (A est méfiant envers B), un point charnière (mais B sauve la vie de A, qui réalise que B tient vraiment à lui), et une situation finale (A fait désormais pleinement confiance à B).
II. Cinq piliers pour différencier ses personnages
Le réseau évoqué ci-dessus sera un outil bien plus riche et intéressant si vos personnages sont assez éloignés les uns des autres, et qu’ils possèdent des signes distinctifs clairs. Pour cela, cinq piliers peuvent vous aider à les positionner au sein du réseau. Vous n’avez pas besoin de tous les utiliser en même temps, mais l’idée est de vous aider à pousser les curseurs pour que chacun soit plus reconnaissable.
La fonction : le rôle dans l’histoire
La fonction de chaque personnage est souvent la première qui nous vient à l’esprit : il s’agit du rôle que celui-ci va jouer par rapport à l’histoire d’ensemble. S’agit-il du gentil, du méchant, d’un personnage apparemment secondaire qui débloque la situation à un moment-clé, d’un adversaire repenti…
L’archétype : des caractéristiques bien identifiées d’une histoire à l’autre
L’archétype permet d’associer un personnage à un certain type de caractère, pour mieux le distinguer des autres : par exemple, dans un groupe, il peut y avoir le personnage marrant qui ne prend rien au sérieux, l’anxieux qui a du mal à avoir confiance en lui, l’intelligent qui est souvent dans ses pensées, etc.
Le but de ces archétypes est de répliquer ces caractères qu’on a tous déjà rencontrés dans nos vies quotidiennes ou observés dans les romans. Attention à ce que l’archétype ne devienne pas non plus un stéréotype : par exemple le héros courageux, invincible et sans aucune faille, ça risque d’être vite dépassé.
Le thème : le rapport du personnage au message de fond
C’était l’objet de la dernière newsletter, le thème est la question ou l'idée principale que l'auteur explore via son histoire. Via son arc narratif, chaque personnage va permettre d’incarner une facette du thème.
Pousser deux personnages assez proches à explorer deux aspects opposés du thème est donc une manière de les distinguer, car on se rendra compte que leurs points de vue sur les mêmes événements sont très différents.
L’objectif : la quête menée par le personnage
Un arc narratif est intéressant dès lors qu’un personnage a un objectif qu’il souhaite atteindre, et des obstacles qui l’empêchent de l’atteindre. Ces objectifs permettent de créer du conflit et des antagonismes au sein de l’histoire, notamment s’ils ne peuvent pas tous être accomplis en même temps. A et B ont beau être amis depuis l’enfance, s’ils tombent tous deux amoureux de C, cela va forcément créer du conflit entre eux.
Le style de narration : le propre du roman
Grâce à la manière dont l’auteur raconte l’histoire, il peut aider le lecteur à comprendre les distinctions entre les différents personnages. Par exemple, dans mon manuscrit, j’ai ajouté des passages réguliers écrits à la première personne pour permettre au lecteur d’entrer dans la tête de l’un des personnages — et ainsi dynamiser le rythme du récit.
Les stats de la semaine
Sur le roman : ça continue, toujours au moins une heure par jour ! J’en suis à 65% de (re-re-re-)relecture, et j’ai RDV avec une correctrice professionnelle / ancienne éditrice dans quelques jours afin de glaner quelques conseils. Objectif : être à 100% avant la fin du mois.
Sur la newsletter : je me suis efforcé de faire plus court pour cette édition, marre de l’effet pavé !
Conclusion
L’une des principales difficultés en littérature, c’est de parvenir à rendre compte avec justesse des sentiments humains. C’est d’autant plus difficile quand les personnages sont plus nombreux, et donc moins creusés.
J’espère que ces quelques conseils vous seront utiles pour choisir le bon nombre de personnages pour votre histoire, quitte à mettre certaines idées de côté et à ne pas tout dire. N’hésitez pas à me donner votre avis sur le sujet en commentaire, et à dans deux semaines !
J+544.
Comme à chaque fois, très pertinent. Et encore plus en ce qui concerne ce que je suis en train d'écrire ! J'ai mis des années à prendre conscience de tout cela, mais pas pour autant de bonne approche pour résoudre les difficultés. Ce post vient s'ajouter à d'autres infos que j'ai glanées en janvier dans un séminaire d'écriture. Tout commence à prendre sens dans ma tête et je vais pouvoir me relire... autrement. C'est pile ce dont j'avais besoin en ce moment. Merci !
Bonjour Alex. La thématique que tu abordes est un sujet majeur pour ton livre. En effet ,pour toi la problématique est importante. Tu t'en sors ? Bon courage. Bisous à vous deux 💕