🏆 Le meilleur roman que j'ai lu cette année
Où on parle de lecture, mais aussi -évidemment- d'écriture.
Bonjour bonjour, 68ème édition, de retour après quelques semaines de pause !
Aujourd’hui, on parle d’un (excellent) roman découvert en début d’année. La lecture m’a tellement plu que j’ai passé plusieurs jours à disséquer le texte pour en tirer des leçons d’écriture applicables à mon propre projet (et au vôtre).
Bonne lecture 😊
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Un coup de coeur, et un coup de chance…
J’en ai entendu parler pour la première fois l’été dernier, quand je préparais l’envoi de mon premier manuscrit aux éditeurs. En me baladant sur le site des éditions Anne Carrière, j’étais tombé sur un résumé accrocheur. En quelques lignes, j’étais happé.
C’est quelques mois plus tard que j’ai finalement acheté le livre. Je venais d’achever les 1600 pages du Comte de Monte-Cristo qui m’avaient tenu un bon moment, et je cherchais désormais une oeuvre plus récente.
Le roman était sorti l’été dernier. Environ 450 pages, dévorées en moins d’une semaine, captivé par le suspense. Une fois la dernière page achevée, je le notais dans mon fichier “livres lus”. Cinq étoiles. Coup de coeur.
Deux semaines plus tard, je déjeune pour la première fois avec , qui parle de littérature dans sa newsletter
Nous discutons d’écriture, de romans, et je lui pitche ce manuscrit que j’écris depuis quelques semaines.“C’est super ça ! Si ça peut t’inspirer, je te conseille le livre d’un ami qui a été publié récemment…”. Hasard ? Coup de chance ? Je me rends compte que Julia connaît l’auteur de ce roman qui m’a tant plu. Après un rapide passage en mode groupie (“aaaaaahhhh trop bieeeeen !!!”), je lui demande si une mise en relation est envisageable.
Trois semaines plus tard, nous trouvons enfin un créneau pour discuter une heure sur Google Meet. Entre temps, j’avais relu le livre afin d’en déconstruire l’intrigue et de comprendre ce qui m’avait séduit.
Allez, assez de suspense ! Ce livre, c’est…
Le dernier étage du monde
“L’art de la guerre consiste à soumettre son adversaire sans le combattre. C’est ainsi que le père de Victor Laplace s’est fait détruire. C’est ainsi que le jeune Victor espère venger sa mémoire, en s’infiltrant au cœur même du système qui l’a brisé. Sa stratégie est claire : se faire embaucher dans le prestigieux cabinet de conseil que dirige son ennemi, l’approcher pas à pas, l’écouter patiemment dévoiler la recette de ses triomphes, l’accompagner dans son ascension en attendant l’ouverture, la brèche où il pourra s’engouffrer...”
Voilà les quelques lignes de quatrième de couverture qui m’avaient conquis. Le dernier étage du monde est une histoire de vengeance, d’ascension sociale et de perte de repères. Il s’agit du premier roman de Bruno Markov, qui a travaillé 12 ans dans le monde du conseil en stratégie et de l’IA, l’univers dans lequel se déroule l’histoire.
En plus de ses qualités intrinsèques, le livre m’a particulièrement plu pour deux raisons. D’abord, il se déroule dans un milieu que je connais bien, pour y avoir travaillé après mes études. Et surtout, l’histoire présente des similitudes avec celle que j’aimerais écrire, et est donc une source d’inspiration.
7 leçons d’écriture tirées du livre
[Note : les leçons ci-dessous mêlent mes observations personnelles avec certains des conseils qui ont émergé de ma discussion avec Bruno Markov. Il s’agit donc de ma propre interprétation de son travail et de ses forces]
L’une des meilleures manières pour progresser en écriture est d’identifier ce qui vous plaît dans ce que vous lisez. Je me suis donc livré au même exercice avec Le dernier étage du monde. Voici les éléments qui m’ont particulièrement séduit dans le livre, et qui me semblent mériter de figurer dans n’importe quelle histoire :
Une intrigue puissante : le roman est un véritable page-turner, qui repose sur une intrigue extrêmement solide. Dès le début, l’objectif est annoncé : Victor veut se venger. “Pourquoi ?”, “Comment ?”, “Est-ce qu’il va y arriver ?” : il suffit de lire quelques pages pour tomber dans le piège !
Un adversaire puissant : j’en parlais dans une édition récente, les grandes histoires nous marquent par l’adversaire qui s’oppose au héros. Or, ici, l’adversaire est omniprésent, constamment à portée du héros, tout en semblant invulnérable et impossible à rattraper. Cette présence renforce l’intrigue : l’objectif est clair, et pourtant les difficultés pour l’atteindre s’accumulent sans cesse.
Un héros imparfait : vaincre l’adversaire est d’autant plus dur que notre héros est loin de partir avec toutes les cartes en main. Victor est maladroit, il est hanté par son passé, mais se montre aussi régulièrement odieux au cours de l’histoire. Ce sont ces faiblesses qui le rendent d’autant plus humain.
Une profondeur dans le propos : ce roman est puissant car il véhicule de véritables messages sur ce qu’on qualifie de progrès technologique, sur le rapport de chacun à la vie privée, sur les ambitions personnelles et sur les compromis moraux qui peuvent survenir dans le monde professionnel. Ce second niveau de lecture renforce l’aspect immersif et l’identification aux personnages.
Des émotions fortes : chaque chapitre vise à faire ressentir un sentiment bien précis au lecteur : peur, colère, frustration, déception… Lors de notre échange, Bruno me disait qu’il clarifiait quelle émotion il voulait transmettre au lecteur avant de se mettre à écrire le chapitre.
Une forme de musicalité : le style, c’est quelque chose qui sonne. Une fois l’intrigue en place, le but est que la lecture du texte soit à la fois fluide et agréable. Pour s’en assurer, Bruno avait une méthode bien à lui : il utilisait une appli qui lui lisait son texte pendant qu’il allait courir, afin d’identifier les tournures qui devaient encore être améliorées. Seul défaut ? “J’ai parfois fait des joggings lors desquels je m’arrêtais toutes les 2 minutes pour noter des choses”.
Des punchlines : enfin, comme en musique ou en humour, l’émotion procurée au lecteur peut être démultipliée en insérant des phrases coup de poing à certains moments-clés. Exemple : “Dans le miroir de l'entrée, j'ai franchement fière allure. Si je me croisais dans un couloir, je me trouverais une vraie tête de connard. C'est bon signe.”
Deux commentaires pour conclure : d’abord, Bruno me confiait que le plus difficile dans l’écriture du livre avait été le premier jet. Même en ayant une vision claire d’où il voulait aller, il lui a fallu près de neuf mois pour arriver au bout.
Ensuite, la chose qui lui a été la plus utile pour progresser a été de s’entourer de relecteurs exigeants, et de lire et relire encore leurs retours : c’est le meilleur moyen de clairement s’imprégner de ce qui va plaire au public.
Conclusion
Le dernier étage du monde est un livre vertigineux, si bien construit que je me sens intimidé : je me dis que je n’arriverais jamais à faire aussi bien. Mais c’est aussi le genre d’oeuvre qui me donne envie de me dépasser pour offrir une expérience aussi marquante à mes futurs lecteurs !
Si vous souhaitez en apprendre plus sur la genèse du livre, je vous renvoie à cette interview de Bruno Markov sur Babelio. Et si cette newsletter vous a donné envie de découvrir le livre (qui vient de sortir au format poche), rendez-vous chez votre libraire ou directement en ligne ici.
Des nouvelles de mon manuscrit
Ces dernières semaines étaient intenses au niveau professionnel. J’ai malgré tout réussi à écrire quasiment tous les jours : la force de l’habitude ! Le manuscrit a gagné env. 30-40 pages depuis la dernière édition.
J’ai néanmoins l’impression de toujours être dans un ventre mou, entre la moitié et deux tiers de l’histoire… Il y a des jours où j’ai des impressions de traversée du désert, mais n’importe : je continue !
Mes découvertes récentes
Nouvelle section ! Pas sûr qu’elle devienne systématique, mais j’ai noté pas mal de choses sympa récemment que j’avais envie de vous partager :
La planète des singes : saviez-vous qu’avant de devenir un blockbuster hollywoodien, la planète des singes était un livre écrit par un français, Pierre Boulle, en 1963 ? Autre fun fact : c’est le même auteur qui a écrit Le pont de la rivière Kwaï. Une histoire à découvrir dans la newsletter du critique Léonard Desbrières.
Faire écrire un roman en 7 jours par une IA : c’est le défi démesuré que s’est lancé Benoît Raphaël, un passionné d’IA, avec deux règles : “je ne devais rien écrire moi-même (pas même retravailler une phrase) et je ne devais jamais dire à l’IA ce qu’elle devait écrire”. Il a créé un groupe d’assistants / de muses (toutes des IA) dont le but était d’interagir ensemble. Il en raconte le résultat ici ; les 2 premiers chapitres du roman sont accessibles en fin d’article.
En parlant d’IA, avez-vous entendu parler de Fantasia, le dernier ouvrage de Laura Sibony ? La soirée de lancement a lieu ce mardi 18 juin à 19h30, à la librairie L’Instant dans le 15e, et sera justement animée par
. Si vous êtes parisien(ne), je vous recommande d’y passer une tête !Tout se recoupe ? La dernière édition de la newsletter de Julia Marras est justement un dialogue sur l’IA entre… Laura Sibony et Bruno Markov. [Promis, ce n’était pas prémédité : je venais de mettre le point final à cette édition lorsque j’ai lu la newsletter de Julia 😅]
Dites-moi en commentaire ou par retour de mail ce que vous pensez de cette section “découvertes”, pour savoir si je la renouvelle ou pas. Passez un bon dimanche et à dans deux semaines !
J+1034.
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Ecrire ce qu'on aimerait lire, la meilleure stratégie !! Tu vends sacrément bien ce livre en tous cas 🙂
Merci pour cette reco, ça a l'air super comme roman (hop, c'est ajouté à ma PAL)