⚡️ J-93 - Sous tension
« Allez, juste une page de plus et je vais au lit, promis ». Spoiler : c'est faux.
Bonjour à tous, et bienvenue dans cette quatorzième édition !
« AAAAAAAAAHHHHHHHH ! »
C’est comme ça que l’on pourrait traduire mon ressenti la semaine dernière, au moment de franchir le cap des 100 jours restants pour achever mon manuscrit. Le travail se poursuit, les scènes s’enchaînent, mais j’ai toujours l’impression d’avancer lentement par rapport à mes objectifs. Vous l’aurez compris : je suis sous tension !
Or, la tension, c’est aussi l’un des éléments-clés avec lequel il faut savoir jouer dans une histoire pour la rendre prenante. Ayant été lire pas mal de choses sur le sujet récemment, j’ai eu envie d’en faire le thème de cette édition de la newsletter.
Bonne lecture !
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Pourquoi je m’intéresse à la tension
Je l’avais déjà abordé dans l’une des premières éditions, consacrée à l’intrigue d’un roman : ce qui nous donne envie de poursuivre la lecture, ce sont toutes ces questions auxquelles on n’a pas de réponse.
Utiliser le suspense dans un récit vise donc à faire émerger des questions dans l’esprit du lecteur, et à lui distiller les réponses au bon rythme pour lui donner envie d’avancer dans le roman… Sans jamais tomber dans deux principaux travers : une intrigue trop prévisible car cousue de fil blanc, ou au contraire décevante car elle ne répond pas aux questions qu’elle a fait naître.
Pour rendre tout ça plus concret, je me suis dit que c’était l’occasion de commencer à vous parler de cette fameuse histoire que j’écris.
Et si… ?
On peut juger de la force d’une histoire en tentant de la concentrer en une seule phrase qui commencerait par Et si… ?. Il paraît que certains éditeurs ou producteurs de cinéma fonctionnent ainsi pour faire le tri entre les centaines d’histoires et de projets qu’on leur propose à longueur de temps.
Alors, qu’est-ce que ça donnerait si je devais me plier à l’exercice, et réduire un manuscrit de centaines de pages à une simple phrase d’une ligne ? 👇
Et si un groupe d’amis décidait un jour de se mettre à commettre des meurtres ?
…
Alors oui, je l’avoue, c’est plutôt barré comme thème, et je pense que ça ne conviendra pas à tous les lectorats 😅
Mais c’est justement ce qui a fait naître l’envie d’écrire cette histoire à la base : la tension inhérente à cette idée. Parce que, par définition, aucune personne saine d’esprit ne va commencer à commettre des meurtres. Et encore moins avec son groupe de potes.
Ici, la tension vient des questions qui surviennent naturellement lorsqu’on vous présente ce résumé :
Pourquoi faire ça ? Ces personnages ont-ils une raison que l’on ignore ?
Est-ce qu’ils vont vraiment passer à l’acte ?
Si oui, quelles seront les conséquences de ces actes ?
Etc.
Trois grands types de tensions en dramaturgie
J’ai récemment découvert l’excellent podcast “Comment c’est raconté” d’un jeune scénariste appelé Baptiste Rambaud, qui y analyse des scénarii de films et les décompose en faisant appel aux grandes théories de la narratologie. Une excellente manière de vulgariser le sujet pour les néophytes comme moi !
Ayant écouté pas mal d’épisodes ces dernières semaines, j’ai ainsi appris qu’il existe trois grands types de tension dans un récit.
Le mystère
Dans un récit, le mystère concerne toutes les situations dans lesquelles les personnages disposent d’une information que le lecteur n’a pas. La tension naît du fait que nous avons envie de découvrir cette information, pour comprendre les motivations des actes des personnages.
Comme évoqué ci-dessus, la première question que je voulais faire naître dans l’esprit du lecteur, c’est : pourquoi des personnes a priori normales et saines d’esprit décideraient-elles de prendre le risque de commettre un meurtre ?
Le mystère survient quand nous assistons à une situation anormale, que tout le monde (les personnages, en l’occurence) semble trouver normale. On en conclut qu’il nous manque une information, et on a donc envie de lire pour découvrir cette information.
Le suspense
Le suspense est bâti sur l’égalité dans la répartition des informations : les personnages en savent autant que le lecteur, et vice-versa. La question qu’ils se posent, et qu’on se pose aussi, est alors : que va-t-il se passer ?
Ca y est, mon groupe de personnages vient de commettre un meurtre. Ils ont franchi le point de non-retour. Qu’est-ce qui va leur arriver, désormais ? C’est forcément la question qu’ils se posent. Et c’est celle qu’on se pose aussi, en tant que lecteur.
Le suspense est d’ailleurs une bonne manière de faire naître de l’empathie pour les personnages. Si on ne s’identifie pas à un meurtrier sanguinaire, on est en revanche tous portés à avoir de l’empathie pour une personne qui a peur : peur d’être découverte, peur pour son avenir, peur d’avoir fait une bêtise… L’émotion nous est familière.
Et donc, parce qu’on ressent la même chose que le personnage, il nous devient un peu plus familier… Et on ne peut plus tout à fait le détester, même s’il le mériterait !
L’ironie dramatique
La dernière forme de tension est l’ironie dramatique, dans laquelle l’avantage est renversé par rapport au mystère : cette fois-ci, c’est le lecteur qui a une information que les personnages ignorent.
Pour reprendre la formule d’Alfred Hitchcock, même une conversation anodine peut devenir un moment plein de tension si nous (les spectateurs) savons qu’il y a une bombe sous la table. Car on voit justement des personnages inconscients de ce qui est sur le point de leur tomber dessus.
Dans mon manuscrit, c’est l’un des éléments avec lequel je tente de jongler pour corser les relations entre les personnages : par exemple, l’un d’eux a des remords, mais fait tout son possible pour le cacher aux autres. Il y a tension, car on se doute que ce personnage ne pourra pas le cacher éternellement… Et qu’il y aura probablement des conséquences négatives au moment de cette révélation.
Pour en savoir plus sur les personnages et leurs relations, vous pouvez aller lire cette édition : J-163 - La joyeuse schizophrénie 🤪
Voilà, en résumé, quelles sont les manières d’introduire de la tension dans son récit, et comment on peut plus concrètement choisir d’amener des informations au lecteur (ou au contraire, les lui masquer) pour lui donner envie de lire la suite.
Les stats de la semaine
Voilà le résumé de l’avancement depuis la dernière édition (30 Janvier) :
Sur le roman -
9 pages écrites (2290 mots, 4 heures)
13 pages corrigées (3 127 mots, 2 heures)
Avancement global réécriture : 62 % (+ 6% depuis 2 semaines)
Sur Un rêve un seul -
5 pages écrites pour cette newsletter (1200 mots, 2 heures)
4 posts écrits et relus pour la promotion sur les réseaux sociaux (j’essaie de garder les bonnes habitudes)
Conclusion
On ne va pas se mentir : alors que j’avais bien avancé pendant ma semaine de vacances, là j’ai l’impression que ça patine ! Le fait d’avoir été malade le week-end dernier et de faire des grosses journées au travail en ce moment n’aide pas, c’est vrai.
J’en avais discuté avec une amie il y a quelques mois, et elle était lucide : il y a forcément des périodes où on ne peut pas se permettre de faire de l’écriture sa priorité. J’appréhende donc la suite sans mauvaise conscience, mais en espérant que le rythme se calme pour me permettre d’avancer dans ma réécriture et ma relecture. Et puis pas de panique : il reste encore trois mois 👌
A dans deux semaines pour plus de nouvelles !
J-93.
Bon courage pour les 3 mois restants ! La pression sera positive 🤗