🤺 J+838 - 4 leçons d'écriture tirées d'Alexandre Dumas
Que nous apprend la trépidante vie de l'auteur des Trois Mousquetaires ?
Bonjour et bienvenue dans cette 56ème édition !
En ce moment, je lis Le Comte de Monte-Cristo. Dumas est un auteur que j’admire. En me renseignant sur sa vie, j’ai découvert un personnage haut en couleurs, qui a aujourd’hui bien des choses à transmettre aux jeunes écrivains.
Au programme :
La folle vie d'Alexandre Dumas, le prolifique
4 leçons d'écriture que nous apprend Dumas
Des nouvelles de mon manuscrit
Bonne lecture !
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La folle vie d’Alexandre Dumas, le prolifique
Alexandre Dumas est né en 1802 à Villers-Cotterêts, en Picardie. Son père est un mulâtre (métisse) né à St-Domingue, devenu général pendant la Révolution française. Malheureusement, il meurt alors que son fils n’a que 4 ans.
Alexandre grandit en milieu modeste et reçoit peu d’éducation, malgré son goût pour la lecture et la calligraphie. Après avoir travaillé quelques années comme coursier pour un notaire, il part pour Paris en 1822 pour échapper aux moqueries et à la pauvreté. Il n’a que 53 francs en poche.
Ce choix sera décisif : il découvre la Comédie Française, rencontre des acteurs, et multiplie les liaisons avec des comédiennes. Grâce aux anciennes relations de son père, il trouve un emploi dans les bureaux du secrétariat du Duc d’Orléans, le futur roi de France.
Grand amateur de théâtre, Dumas écrit sa première pièce en 1825, et atteint rapidement le succès comme dramaturge 🎭
Malheureusement, il dilapide ses revenus… Et compense en écrivant beaucoup de pièces médiocres, au point de lasser le public !
Mais c’est à cette époque que la presse à grand tirage se développe en France, et avec elle un nouveau format d’histoires : le roman-feuilleton, publié au rythme d’un épisode par semaine 📰
Dumas en devine le potentiel. Il se tourne vers l’écriture de romans historiques, qui lui permettent de renouer avec la réussite.
En 1844, il publie ce qui deviendra son plus grand succès : Les trois mousquetaires 🤺
En moins de 10 ans, Alexandre Dumas écrira certaines des plus grandes oeuvres de la littérature française : le Comte de Monte-Cristo, la Reine Margot, Le Vicomte de Bragelonne…
Travailleur acharné, il n’est pourtant pas seul pour créer tous ces chefs-d’oeuvres : pendant 8 ans, il travaillera avec Auguste Maquet, un jeune auteur qui fera fortune en écrivant pour lui. Dumas recourait beaucoup à un système de “secrétaires” : il dictait ses idées à ses collaborateurs pour qu’ils créent la première version du texte, qu’il se chargeait ensuite de corriger et de compléter.
Maquet sera le plus fécond de ces hommes de l’ombre. Quelques années plus tard, il intentera néanmoins plusieurs procès à Dumas. Les tribunaux lui accorderont 25% des droits d’auteur sur toute une série d’oeuvres, mais ne lui en reconnaîtront pas la paternité.
Mais revenons à Alexandre Dumas ! Il mène une vie de flambeur, entretenant maîtresses et amis, vivant à crédit malgré ses immenses revenus. Il se fait même bâtir un palais : le château de Monte-Cristo, à Port-Marly, dans les Yvelines ! 💸
Ruiné par ce train de vie dispendieux, il s’exile à Bruxelles en 1851 en compagnie de son ami Victor Hugo. Il rentrera en France deux ans plus tard et parviendra à calmer ses créanciers en leur cédant 45% des droits sur ses oeuvres.
Ecrivain insatiable, il montera encore plusieurs journaux, et publiera des milliers de pages de mémoires, de récits de voyage et de traductions.
Alexandre Dumas disparaît en 1870, à 68 ans.
En 2002, ses cendres seront transférées au Panthéon, en hommage à cet homme qui fut un monument de la littérature française.
4 leçons d'écriture que nous apprend Dumas
Comme tous les grands auteurs, Dumas a beaucoup de leçons à transmettre aux aspirants écrivains. Voici les quatre que je retiens :
Un auteur n’a pas à se cantonner à un genre unique
Lorsque Dumas se tourne vers le roman historique, nous sommes au milieu des années 1830. Il a alors déjà à son actif plus de quinze pièces de théâtre ! On ne parle pas d’un auteur qui se serait “égaré” avec sa première oeuvre : pendant plus d’une dizaine d’années, le théâtre concentrera tous ses efforts. De quoi développer de solides compétences en dramaturgie, que Dumas ré-emploiera ensuite dans ses romans.
Une nouvelle fois : la clé, c’est le travail
Tout au long de sa vie, Dumas aura écrit des centaines de romans, de pièces, de contes et nouvelles, de biographies et de récits de voyages. Cela représente des dizaines de milliers de pages.
Comme Stephen King dont on parlait dans cette édition, système de collaborateurs ou pas, Dumas était un travailleur acharné : “Bon jour, mauvais jour, j'écris quelque chose comme 24 000 lettres dans les vingt-quatre heures” (une douzaine de pages). Être payé à la ligne y était probablement pour quelque chose, mais malgré tout : chapeau 🎩
L’époque influence le format
L’art et la technologie ne sont pas toujours si éloignés l’un de l’autre. Si Dumas s’est tourné vers le roman-feuilleton, c’est suite à l’industrialisation de la production de journaux. Quel était le rôle de ces histoires publiées chaque semaine ? Pousser le lecteur à acheter le prochain numéro pour connaître la suite, pardi !
Le roman-feuilleton est un format propice aux grandes sagas : des personnages se comptant par dizaines, une histoire s’étendant sur plusieurs années… C’est la même chose avec Guerre et Paix de Tolstoï.
Le succès est affaire de diffusion
Un écrivain construit sa carrière grâce à sa capacité à se créer une audience. Et pour ça, Dumas était un pro ! Que ce soit en se faisant recruter par le journal Le siècle dont il fera exploser les ventes grâce à la publication des Trois Mousquetaires, ou bien en montant son propre journal en 1853, Le Mousquetaire, Dumas a toujours su faire en sorte d’amener ses oeuvres au grand public.
Du côté de mon manuscrit
Cela fait 4 mois que j’ai envoyé mon manuscrit aux 20 éditeurs que je ciblais. Depuis, j’ai reçu 11 retours négatifs. Et pour les 9 autres, le délai élevé signifie probablement que les chances de succès sont minces.
Je vais tout de même relancer les maisons restantes : j’avais fait mes envois au moment des vacances, donc je veux être certain que mon manuscrit n’a pas été perdu lors de la pause estivale.
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que j’avais reçu plusieurs retours argumentés. Les arguments soulevés vont dans le même sens : malgré la qualité du texte et la facilité à le lire, mon manuscrit possède encore des faiblesses que même deux ans de travail n’ont pas réussi à gommer, notamment au niveau de la structure et du nombre de personnages.
C’est frustrant, c’est vrai, mais au moins… J’ai fait de mon mieux pour cette histoire ! J’ai désormais envie d’avancer et de la laisser derrière moi.
Je réfléchis donc à un nouveau roman. Cela fait 2-3 semaines que je couche des idées et des personnages sur le papier, pour les rendre plus tangibles. L’histoire est encore nébuleuse, et si j’ai une idée générale de sa direction, il me reste clairement des choix à faire sur l’intrigue et l’angle d’approche.
Affaire à suivre dans les prochaines éditions !
J+838.
Merci pour le parcours de Dumas mis en mots, je ne le connaissais que trop mal.
Quant à ton aventure avec ce roman, bravo pour être allé au bout et y avoir mis tout ce que tu avais. Bravo aussi d'avoir la hargne pour te relancer dans un autre projet. Finalement, plus tu auras de romans derrière toi (plubliés ou non) et plus tu auras de chance d'arriver à tes fins 😉
Bonjour Alexandre,
Merci pour ce post tout autant intéressant que les précédents.
Oui, Alexandre Dumas nous apprend beaucoup de choses sur le travail littéraire, même si de nos jours certains aspects sont différents de son époque.
Nos parcours ont vraiment de grandes similarités, bien que nous soyons dans des genres littéraires différents (je suis orienté SF et Fantasy). Mon premier roman avait comme le tien, des défauts de structure notables (inhérents à mon absence de connaissances techniques en écriture de roman quand j'avais commencé à écrire), beaucoup trop de personnages principaux. En début d'année, j'ai décidé de le laisser dormir un moment. J'avais une nouvelle idée, qui respectait bien les structures narratives qui accrochent le lecteur, il n'y avait qu'un seul protagoniste principal (et deux antagonistes majeurs). Plus simple. J'ai passé des mois à créer les personnages, les enjeux, les désirs et les besoins, les conflits et les intrigues, les arcs narratifs, les thèmes. J'ai tissé tout ça avec une règle de base : ne pas céder à la facilité d'ajouter un élément nouveau pour faire avancer l'intrigue (et surtout, rien qui soit dû à la chance ou au hasard). Pas de nouveau personnage principal, pas de fait majeur nouveau qui ne soit pas directement issu des actions des personnages existants. La structure convient (d'après des premiers retours d'écrivains qui y ont jeté un coup d’œil). J'ai commencé à rédiger le premier jet le 1er novembre, et j'en ai écrit à ce jour environ 80%. Je prends bien du plaisir. Et en plus, je recommence à bâtir à partir des "ruines" du roman précédent, une structure nouvelle, resserrée, avec moins de personnages principaux et de vrais arcs narratifs : les personnages évoluent au fil de l'histoire.
Bon courage, l'aventure littéraire ne s'arrête jamais !
Georges