💬 J+516 - Comment écrire de bons dialogues ?
Comment utiliser les discussions entre personnages pour ajouter de la profondeur et de l’authenticité à son histoire ?
⏱ Temps de lecture : 4 minutes
Bonjour à tous, et bienvenue dans cette 38ème édition !
Si vous écrivez une histoire avec plus d’un protagoniste, il y a de bonnes chances que celle-ci comporte des dialogues. Les dialogues permettent de montrer et d’incarner les interactions entre les personnages.
Mais écrire de bons dialogues, ça demande du travail et de la pratique. Heureusement, on peut heureusement gagner beaucoup de temps en utilisant les bonnes méthodes !
Au programme de cette newsletter :
A quoi servent les dialogues ?
Comment créer des dialogues utiles ?
Ecrire des dialogues marquants : mode d’emploi
C’est parti !
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A quoi servent les dialogues ?
J’ai longtemps sous-estimé l’importance des dialogues dans un manuscrit. Nous passons tous notre vie à discuter, à parler et à nous exprimer. Alors, pour écrire de bons dialogues, je pensais qu’il suffisait d’écrire comme on parle.
J’étais naïf 🥲
Effectivement, les dialogues permettent de dynamiser l’histoire et la narration, d’aider le lecteur à imaginer les interactions entre les personnages. Pour autant, même si de bons dialogues doivent être réalistes, ils doivent aussi respecter LA règle fondamentale pour mériter de figurer dans un livre : être dignes d’intérêt pour le lecteur.
Lorsque j’ai effectué un gros élagage sur mon manuscrit ces dernières semaines, je n’ai pas beaucoup touché aux dialogues. Conséquence, certains de mes derniers lecteurs (les fameux gamma) ont souligné que le livre se lit facilement, mais que les dialogues deviennent parfois “bavards” ou “trop détaillés”. Mince alors. Pourquoi ça ?
En fait, tout dialogue doit avoir un intérêt. Oui, ils permettent de dynamiser l’histoire et de varier les formes de narration. Mais avant tout, ils doivent servir un objectif : mieux caractériser un personnage, ou faire avancer le récit.
Bref, toute ligne de dialogue se doit d’être utile.
Comment créer des dialogues utiles ?
Alors, comment s’y prendre pour s’assurer que les dialogues présents dans votre texte sont bien utiles ? Après quelques recherches, j’ai identifié trois bonnes pratiques.
D’abord, un dialogue doit toujours être associé à un but précis et bien identifié. Révéler de nouvelles informations, faire avancer l’histoire, développer un personnage et mieux le caractériser... En identifiant le rôle de chaque dialogue tout au long du manuscrit, on peut identifier les échanges répétitifs et les simplifier / les rassembler / les supprimer.
Ensuite, le dialogue est aussi un outil puissant pour développer et caractériser les personnages. A chaque dialogue, le lecteur reçoit de nouvelles informations : sur le passé des protagonistes, sur ce qu’ils sont en train de vivre, sur leurs liens et la manière dont ils évoluent… Mais surtout, sur leurs émotions, leurs ressentis, et sur leur mode de fonctionnement. Par exemple, la manière de parler d’un personnage peut suffire à indiquer au lecteur qu’il est colérique et impulsif.
Enfin, un dialogue peut permettre de souligner le conflit entre deux personnages (et le conflit est un élément-clé dans la dynamique d’un récit - cf. cette ancienne édition). L’un peut posséder une chose que l’autre souhaite obtenir, ou tenter de le faire adhérer à sa vision du monde, à ce qu’il considère comme la décision à prendre, la chose à faire, etc.
Grâce au conflit, le dialogue devient encore plus intéressant, car cela installe une véritable dynamique d’attaque & défense entre les personnages. Les deux protagonistes ne peuvent pas atteindre leur objectif en même temps, et chaque phrase permet alors de faire ressortir comment chacun tente d’atteindre son propre but.
Bref, un dialogue deviendra utile pour le récit (et donc intéressant pour le lecteur) grâce à son rôle dans l’histoire, au conflit, ou à la caractérisation.
Ecrire des dialogues marquants et crédibles : mode d’emploi
Une fois que le rôle du dialogue est bien défini et que vous savez où l’insérer dans l’histoire, vous pouvez ensuite appliquer plusieurs conseils pour en améliorer la forme. J’ai identifié quatre astuces.
D’abord, il faut faire attention à la manière dont vos personnages parlent. Chaque personnage doit avoir sa propre voix, qui doit refléter son âge, sa personnalité et de son milieu socio-économique. Avant d’écrire le dialogue, il faut donc bien réfléchir à comment chaque personnage s'exprimerait en fonction de la situation et de son interlocuteur. Par exemple, si un personnage a tendance à utiliser le langage soutenu ou possède un tic de langue, le lecteur pourra comprendre lorsque celui-ci parle, même sans que l’auteur ne l’ait précisé.
Ensuite, les dialogues doivent être crédibles. Ni trop formels, ni trop artificiels : juste la bonne dose de naturel. Il faut essayer de s’inspirer de la vie de tous les jours — tout en s’assurant que les personnages ne vont pas parler pour parler, et qu’il y a bien toujours un motif derrière leurs paroles.
Pour rendre les dialogues plus profonds et réalistes, il est possible d’utiliser les silences et les gestes. La communication ne passe pas uniquement par les mots, mais également par l’attitude, le ton, le volume de la conversation… Tous ces éléments de communication non-verbale permettent d’ajouter de l'émotion ou de la tension aux conversations, en glissant de petits indices à l’attention du lecteur.
Ce qui nous amène au dernier point, le plus important : le sous-texte. Dans un bon dialogue, ce que disent les personnages est tout aussi important que ce qu’ils ne disent pas. Tout ce qui n’est pas dit, le lecteur pourra l’imaginer. Ce sont les envies, les peurs, les secrets des personnages. C’est ce qui fait le sel des conversations dans la fiction - et même souvent dans le monde réel !
En suivant ces différents conseils, vous pourrez écrire des dialogues réussis à même d’ajouter de la profondeur et de l'authenticité à votre histoire. Et avec du temps et de la pratique, vous deviendrez de plus en plus à l'aise avec l’exercice !
Les stats de la semaine
Sur le roman :
La motivation est de retour, et la relecture a repris à plein (16h de travail ces 2 dernières semaines, j’ai re-corrigé un quart du manuscrit 🏋️)
De gros efforts sur certaines scènes de dialogues pour les rendre plus percutantes en utilisant les conseils ci-dessus. Ca prend du temps, mais vu que j’en arrive à mon ultime relecture, c’est le moment ou jamais !
Sur la newsletter :
J’ai réfléchi à mes objectifs de 2023 avec Un Rêve Un Seul. Il s’agit avant tout d’un projet plaisir, donc le recrutement de nouveaux abonnés n’est pas ma priorité.
Néanmoins, je me suis fixé comme objectif de faire un post par semaine pour parler d’écriture. On verra bien où ça nous mènera !
Conclusion
C’est toujours désespérant impressionnant de repasser sur un texte pour la vingtième fois, et de trouver encore des choses à corriger. Il y a quelques mois, c’était avec les descriptions. Ces jours-ci, avec les dialogues. On n’atteint jamais la perfection, mais au fil des semaines, petit à petit, on se rend compte qu’on devient un meilleur écrivain. C’est ce qui continue à me faire avancer.
J’espère achever ma phase actuelle de relecture d’ici Février. Ensuite, il sera temps - ENFIN ! - de passer à l’envoi aux éditeurs. C’est un sacré marathon, mais la ligne d’arrivée se rapproche !
On se retrouve dans deux semaines.
J+516.
Interessant ! Les dialogues c'est vraiment ce qui est le plus difficile à rendre crédible je trouve, car c'est un sacré casse tête de faire entendre le personnage au lecteur, en accord avec ce qu'il est. On peut passer des heures à créer une personnalité, un background, des motifs et ambitions, si on n'arrive pas à traduire tout cela en paroles justes, l'effort aura été vain.
Lors d’un atelier d’écriture, un auteur m’a confié que les dialogues illustraient les moments de « flemme » de l’écrivain (vs l’écriture narrative). Ça a biaisé mon point de vue pendant longtemps, mais je trouve aujourd’hui évident qu’ils dynamisent le récit. Merci pour cette mise au point très claire