📝 J+558 - Une ex-éditrice a lu mon manuscrit...
Conseils tirés d'une discussion avec une professionnelle de l'édition.
⏱ Temps de lecture : 4 minutes
Bonjour à tous, et bienvenue dans cette 41ème édition !
À mon dernier anniversaire, mes copains m’ont offert un super cadeau : un avis complet sur mon manuscrit par une ex-éditrice devenue correctrice professionnelle. Après lui avoir envoyé mon texte en début d’année, j’ai pu échanger avec elle cette semaine.
Dans cette newsletter, on parle de :
Une méthode d’éditeur pour évaluer la qualité d’un manuscrit
Comment utiliser l’intention du texte comme une boussole
Comment savoir si on est prêt à contacter une maison d’édition
Bonne lecture !
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Une méthode d’éditeur pour évaluer la qualité d’un manuscrit
Avant de se lancer dans mon manuscrit, Charlotte (c’est son nom) m’avait envoyé un questionnaire pour comprendre ce que j’attendais de cet exercice.
Ma priorité était de savoir si mon texte était prêt à être envoyé à un éditeur, et, si ce n’était pas le cas, d’identifier les axes restant à travailler. Je souhaitais également obtenir des conseils sur le genre auquel rattacher mon roman, pour identifier plus facilement les maisons d’édition et les collections à cibler. Ça fait un an et demi que je travaille sur ce roman, et j’ai hâte d’enfin pouvoir l’envoyer à un éditeur !
Au début de notre appel, j’ai donc demandé à Charlotte sa méthode pour analyser un manuscrit et estimer s’il est digne ou pas d’être publié. Sa méthode tient en trois points :
Approche “horizontale” du récit : vérifier s’il y a un début, un milieu et une fin. L’histoire et l’intrigue doivent suivre une dynamique claire, pour pousser le lecteur à tourner les pages.
Approche “verticale” des personnages : à travers le récit, ce sont les protagonistes qui évoluent. Le lecteur les rencontre au début de l’histoire, et ils vont l’accompagner jusqu’aux dernières pages. Dans sa grille d’analyse, Charlotte vérifie que chaque personnage est associé à une progression logique.
Analyse des aspérités : un bon roman, c’est un ensemble d’éléments qui doivent tenir tous ensemble de manière cohérente : une thématique, un univers, des personnages, une intrigue, des dialogues, un style d’écriture… Aucun de ces éléments n’a besoin d’être parfait : il leur suffit d’être assez bien pour se faire oublier. Par exemple, c’est rare de s’arrêter en pleine lecture pour se dire qu’un dialogue est excellent ; c’est justement parce qu’il est excellent que l’on n’a aucune raison de s’arrêter.
Si un roman est cohérent horizontalement, verticalement, et qu’il n’y a aucun point d’aspérité, c’est gagné : il y a de fortes chances qu’il ait toutes les qualités pour plaire à un lecteur, et donc à un éditeur.
Comment utiliser l’intention du texte comme une boussole ?
“Via ce texte, qu’est-ce que c’est, votre intention ?”
C’est la première question posée par Charlotte pendant notre échange. L’intention est similaire au thème, dont on parlait dans l’une des dernières éditions : il s’agit de ce que l’auteur veut faire ressortir via son histoire. Mais pourquoi cette question ?
Car à la lecture de mon manuscrit, voilà un résumé de l’avis de ma correctrice : “Horizontalement, ça fonctionne, verticalement, pareil. Le récit est cohérent, c’est bien écrit, c’est très fluide - j’ai lu le manuscrit comme une série, je voulais vraiment savoir comment ça allait finir. Le seul point sur lequel j’ai bloqué, ce sont les personnages. Six personnages, c’est beaucoup, mais ça peut marcher. Et pour quatre d’entre eux, ça fonctionne, on se les représente, ils nous parlent, on les voit évoluer. En revanche, c’est pour les deux derniers que je suis plus sceptique”.
Mince alors, j’ai deux personnages qui sonnent creux. Que faire ?
“Pas de panique”, m’a dit Charlotte. Ce n’est pas parce que certains personnages manquent d’approfondissement que je dois réécrire un tiers du roman. Au contraire, c’est là que mon intention va m’aider à avancer.
Un personnage creux est simplement moins développé que les autres. Il peut avoir un rôle clair dans l’histoire, participer aux péripéties, mais le lecteur n’a pas suffisamment d’informations pour s’y attacher, capter ce qui l’anime, comprendre ses motivations. Pour mieux faire ressortir ces éléments, en tant qu’auteur, il faut prendre du recul et réfléchir à ce que doit incarner ce personnage, à son intérêt pour le lecteur.
Via cette discussion, je me suis rendu compte que si j’ai une vision précise du rôle de chacun de mes quatre premiers personnages, je suis moins au clair pour les deux derniers. Pour les développer et leur faire gagner en profondeur, il va donc falloir me forger une conviction sur mon intention vis-à-vis d’eux. Ensuite seulement, je pourrai améliorer les scènes où ils apparaissent en faisant ressortir de nouvelles facettes de leur caractère.
Savoir si on est prêt à contacter une maison d’édition
En tant qu’auteur, au moment d’envoyer son manuscrit, on doit être convaincu qu’il est le meilleur possible, et qu’on ne peut plus rien faire pour l’améliorer. Or, même si j’espérais être au bout du chemin… La discussion avec Charlotte me montre qu’il reste encore un peu de travail.
Le monde de l’édition en 2023 est extrêmement tendu. Comme l’avait mentionné le directeur adjoint de Robert Laffont dans notre interview, il n’y a jamais eu autant de concurrence pour être édité.
Envoyer mon texte en l’état à un éditeur risquerait d’attirer un refus, alors même que j’approche de la conclusion. Mieux vaut attendre quelques semaines de plus, étant très proche (selon Charlotte) de parvenir à “faire basculer le texte dans sa profondeur”.
Allez, on y croit ! La victoire est au bout du chemin ☀️
Les stats de la semaine
Sur le roman :
Relecture terminée ! Quand j’avais partagé mon manuscrit en décembre à une deuxième salve de gamma-lecteurs, plusieurs personnes avaient souligné que certaines scènes et/ou certains dialogues étaient superflus, bavards. En attendant le retour de Charlotte, j’avais donc pris quelques semaines pour repasser sur le manuscrit.
Après une soixantaine d’heures de travail depuis le 1er janvier, c’est bon ! Le manuscrit a encore gagné en fluidité : réduction de 250 à 210 pages, quasiment -20%. Les futures relectures seront de plus en plus rapides ! (on se rassure comme on peut)
Sur la newsletter :
Bienvenue à la dizaine de nouveaux qui sont arrivés cette semaine 👋
Conclusion
Ecrire un roman me donne parfois la sensation de courir après l’horizon. Chaque fois que le bout du chemin se dessine, il s’éloigne immédiatement… Et pourtant, il y a cette conviction qui demeure, ferme et inébranlable : “je l’aurai, un jour, je l’aurai !”
Je ne sais pas encore exactement comment je vais m’y prendre pour mettre en oeuvre les conseils de Charlotte, car ce n’est qu’hier que j’ai fini de relire mon manuscrit. Mais j’espère bien que j’y parviendrai avant fin mars !
Affaire à suivre dans la prochaine édition 👀
J+558.
Merci pour ce partage. Tu as de l'avance sur moi dans ce domaine, j'en suis encore à corriger d'autres points... Ce sont des remarques intéressantes et complémentaires de tout ce que j'ai déjà en tête (pour l'intrigue, pour les personnages avec leurs motivations et leurs évolutions, pour la mise en récit...). Elles demandent de la réflexion pour les appliquer. Comme souvent avec les remarques qui touchent au fondamental d'un texte. Ce que je comprends entre les lignes, c'est qu'il manque très peu de choses pour que ton roman soit accepté par un éditeur. Courage, tu vas y parvenir ! J'en suis sûr. Plus tard, quand tu auras dépassé cette étape avec succès, je serai preneur de tes explications sur la façon dont tu as utilisé la boussole... celle de l'intention. Ce sera sûrement très intéressant à lire !
Très intéressante ces infos merci et bon courage pour cette dernière ligne droite