Bonjouuur, bienvenue dans cette 65ème édition !
Si j’en crois vos réponses au sondage de la dernière fois, vous êtes 93% à préférer lire un sujet par newsletter, creusé en profondeur (un score digne de Vladimir Poutine). Va pour le sujet unique, donc !
Aujourd’hui, on va parler de comment résumer une histoire toute entière en une seule phrase. Cette phrase, qu’on appelle aussi la prémisse, sera la colonne vertébrale du récit. Bonne lecture !
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Avant de commencer…
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Eloge de la simplicité
Un roman va s’étirer sur plusieurs centaines de pages. Alors, pourquoi se forcer à le faire tenir en une phrase ?
La raison tient en un mot : la simplicité. “Faire simple est certainement l’objectif le plus compliqué du monde”, disait Steve Jobs. Faire simple signifie clarifier, épurer, résumer, jusqu’à ce qu’il ne reste que le plus important, le plus précieux, le plus profond. C’est la substantifique moelle chère à Rabelais (et boum, deux citations en un paragraphe).
Résumer son histoire en une phrase avant de l’écrire, c’est un moyen de rester cohérent tout au long du récit. C’est construire une boussole qui permette de prendre les décisions lorsqu’on bute sur un passage ou sur le sens à donner à l’histoire. C’est l’assurance de bien identifier un début, un milieu et une fin, et de développer une intrigue qui tiendra le lecteur en haleine jusqu’au bout.
Le risque : négliger les bases
Le problème, c’est qu’on ne prend pas toujours le temps de réfléchir à cette phrase et, surtout, de la mettre en forme. On se lance dans l’écriture en se disant que l’idée est suffisamment claire, et qu’au pire, on trouvera en cours de route. Sauf qu’au fil des chapitres et des éléments secondaires qui enrichissent l’intrigue, on peut se retrouver embourbé dans les détails... Et perdre de vue l’essentiel.
Si c’est votre cas, pas de panique : même en cours d’écriture, il est encore temps de prendre du recul. Et si vous n’avez pas encore écrit vos premières lignes, c’est encore mieux : mieux vaut bien se creuser la tête dès le début pour choisir ce qu’on veut raconter, plutôt qu’attendre la fin du premier jet pour se poser la question.
Au fait…
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La prémisse, colonne vertébrale de l’histoire
La prémisse, ou concept, est une notion popularisée par Lajos Egri, dramaturge hongro-américain et auteur de The Art of Dramatic writing (1946). Le but est de résumer son histoire en une seule phrase, qui en contienne l’essence et en guidera tout le développement.
La prémisse va répondre à plusieurs questions :
qui est le personnage principal ?
quel objectif veut-il atteindre ? (ou contre quoi se bat-il ?) Pourquoi ?
comment va-t-il se transformer ?
Si l’histoire comporte plusieurs personnages, la prémisse doit se concentrer sur le personnage principal, c’est-à-dire celui qui a le plus de potentiel (le plus fascinant, stimulant et/ou complexe). Il faut s’assurer que la prémisse fasse émerger suffisamment de problèmes et de conflits. Le personnage principal doit poursuivre un objectif aussi difficile à atteindre que possible, ce qui permet de maintenir l’intérêt du lecteur tout au long du récit.
Cette approche est certes très américaine/hollywoodienne, mais elle a un gros avantage : elle marche. Quelle que soit l’histoire que vous souhaitez raconter, il y a fort à parier qu’elle fonctionnera d’autant mieux avec un personnage principal bien identifié et un objectif clair.
Une méthode pour créer sa prémisse
La création d’une bonne prémisse peut nécessiter quelques jours à quelques semaines, en fonction du niveau de maturité de vos réflexions. Voici une suggestion de méthode pour la mettre en forme :
Commencez par écrire toutes vos idées de prémisses, avec une seule règle : tenir en une phrase. Vous pouvez essayer l’histoire du point de vue de chaque personnage, ou insister sur une qualité différente de chacun, comparer les objectifs, vous concentrer sur un twist scénaristique…
Ensuite, identifiez les éléments forts ou récurrents. Faites-les ressortir en les soulignant, en les reformulant, etc. La comparaison de nombreuses prémisses entre elles devrait vous aider à comprendre ce qui marche, ce qui accroche votre intérêt.
Vérifiez l’adéquation entre la prémisse et le déroulé que vous avez en tête : en une phrase, on doit déjà pouvoir anticiper la séquence de cause à effet qui sera le ressort de l’intrigue. Si vous trouvez le tout trop faible, ça vaut le coup de retravailler la prémisse : vous avez peut-être mis le doigt sur une faiblesse scénaristique de votre histoire, et vous allez pouvoir la corriger.
Partagez votre prémisse ! Demandez des avis, cherchez des commentaires de la part de votre futur lectorat, vérifiez si le concept plaît et si le public aurait envie de suivre cette histoire.
Réaliser de nombreux allers-retours avant même de se mettre à écrire peut être frustrant ; mais le temps investi avant de commencer sera largement compensé par la réduction du nombre de relectures et d’ajustements en cours de route. Priorité aux fondations !
Quelques exemples de prémisses
Pour vous aider à mieux cerner les prémisses qui ont guidé le développement d’oeuvres célèbres, voici quelques exemples ci-dessous :
1984, de George Orwell : Dans un futur dystopique, un homme tente de se rebeller contre un régime totalitaire qui contrôle tous les aspects de la vie, mais il est finalement capturé et brisé.
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, de Harper Lee (dont on parlait ici) : Dans une petite ville du Sud des États-Unis dans les années 1930, une jeune fille apprend des leçons importantes sur la justice, la compassion et le courage, tandis que son père, avocat, défend un homme noir accusé à tort de viol.
Le Seigneur des Anneaux, de J.R.R. Tolkien : Un jeune hobbit se retrouve en possession d'un puissant anneau maléfique, et doit traverser un pays dangereux et affronter de nombreux ennemis pour le détruire et sauver le monde.
Conclusion
C’est contre-intuitif, mais la simplicité prend du temps. À un député qui lui demandait combien de temps il lui fallait pour préparer ses discours, l’ancien président américain Woodrow Wilson aurait répondu : “Si je dois parler pendant une heure, je suis prêt tout de suite. Si je n’ai que dix minutes, il me faut une semaine de préparation”.
Savoir faire simple est un atout précieux, mais nécessite beaucoup de réflexion et d’itérations. C’est néanmoins une étape que je vous conseille fortement si vous écrivez une histoire en ce moment : on a souvent tendance à vouloir dire trop de choses… Et la construction d’une bonne prémisse permet d’éviter de se disperser.
Que ce soit pour l’auteur ou le lecteur, plus de simplicité = plus de clarté = plus d’intérêt. Si vous avez une intrigue en tête, n’hésitez pas à partager votre prémisse en commentaire afin d’obtenir des retours !
Je vous souhaite un bon dimanche, et je vous retrouve dans deux semaines.
J+971.
Très intéressant !! Merci Alexandre pour cette édition :)
Bonjour Alexandre,
Une fois encore, je partage ce que tu exposes.
Concernant le sondage, j'ai répondu mais ces critères pour moi ne sont pas déterminants : un roman peut me captiver quelle que soit sa longueur ou la taille de ses chapitres.
Concernant la prémisse, je travaille dessus depuis trois mois pour arriver à en écrire une qui colle bien avec le récit actuellement en bêta-lecture. Comme tu as raison de dire que faire simple, c'est compliqué ! Et faire court, tout autant...
J'avais une prémisse il y a un an avant de commencer à écrire, mais elle a complètement évolué au fil du premier jet puis des corrections, du coup la prémisse initiale n'est pas (et peut rarement être) la prémisse définitive. Cela étant, elle aide à garder un cap.
J'ai un peu triché car j'ai utilisé un point-virgule qui ne sépare pas des phrases différentes d'un strict point de vue technique, mais j'aurais aussi bien pu faire deux phrases successives. Je sais que ce n'est pas encore l'idéal, mais je converge ! Peut-être que je finirai par carrément supprimer la partie après le point-virgule...
Voilà à quoi ressemble ma prémisse (elle évoluera sans doute encore d'ici à la soumission à des ME) :
"Un officier d’une république fictive de la Renaissance, découvrant que son intégrité est menacée à la fois de l’intérieur et de l’extérieur, lutte contre ce péril ce qui le met en danger ainsi que sa famille et l’oblige à affronter ses faiblesses et à persévérer, alors que son penchant naturel le pousserait à suivre la ligne du moindre effort ; tout cela le conduira au final à accepter des responsabilités dont il ne voulait pas."
Amicalement,
Georges