👟 J-149 - Ecrire, c'est comme courir
Et si on s'amusait à lister les ingrédients qui permettent de devenir un véritable athlète de l'écriture ?
Bonjour à tous ! Dixième édition d’Un rêve un seul, déjà 😊
Cela fait déjà 4 mois et demi que j’ai pris l’habitude d’écrire ces billets, qu’il pleuve ou qu’il vente… Et je suis déjà presque à la moitié du chemin : dans dix éditions, nous serons à quelques jours de la date fatidique - mon anniversaire, le moment où on verra si j’ai réussi à finir ce livre ! On se donne rendez-vous à ce moment-là ? 💌
Aujourd’hui, on s’attaque à quelques clichés sur le monde de l’écriture. Bonne lecture !
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Un cliché qui a la vie dure
Si je vous parle de clichés, c’est parce qu’aujourd’hui, j’avais envie de m’attaquer à une idée très répandue en écriture : dire que c’est en lisant beaucoup que l’on devient un bon écrivain.
Je ne suis pas d’accord avec ça. En tout cas, pas entièrement.
Lorsque nous lisons, nous consommons un produit fini. Le livre a été pensé, planifié, écrit, relu, puis ré-écrit un bon nombre de fois, puis envoyé à un éditeur, qui l’a lui-même annoté, repris, corrigé, occasionnant discussions, débats et disputes, jusqu’à parvenir à la version finale que nous tenons entre les mains.
Et je suis convaincu que même si ce résultat est de très bonne facture, lire ne suffit pas à devenir un bon écrivain. Certes, ça aide… Mais ce n’est pas assez.
Ecrire, c’est comme courir ?
Ce cliché, j’en ai moi-même longtemps été convaincu. Pourtant, j’ai fini par changer d’avis. Et je trouve que la métaphore sportive explique bien pourquoi.
Imaginons que vous souhaitiez devenir champion olympique d’athlétisme. Vous pouvez regarder autant de courses que vous le souhaitez : ce n’est pas comme ça que vous parviendrez à courir un 100 mètres en moins de dix secondes.
Vous pourrez observer les styles, comparer les méthodes, décomposer les mouvements… Mais en n’observant que le produit fini, vous risquez de manquer une bonne part des ingrédients nécessaires à votre succès.
Avec quelques mois de pratique dans les pattes, je me suis donc amusé à recenser les choses qui m’aident à progresser au quotidien et à devenir un meilleur écrivain.
Les ingrédients pour devenir un athlète de l’écriture
En tout, j’ai compté sept éléments qui m’aident à progresser : le bon matériel, les bons mouvements, le bon coach, l’entraînement régulier, la discipline, des modèles à suivre, et, enfin, le bon état d’esprit.
💬 Le matériel : le vocabulaire
Pour courir, il vous faut des chaussures et des vêtements adaptés. En écriture, c’est pareil, hors de question de partir sans le matériel littéraire de base : les mots.
La langue française compte plusieurs dizaines de milliers de mots. Pourtant, la plupart d’entre nous en utilisons seulement entre 1000 et 2000.
Or, c’est très difficile d’écrire lorsqu’on cherche constamment ces mots ! Depuis quelques mois, je m’efforce donc de développer mon vocabulaire, afin d’enrichir mon style. L’objectif n’est pas de glisser des mots savants partout, mais plutôt d’être capable de décrire précisément les images, les scènes ou les émotions que je souhaite coucher sur le papier.
Alors certes, pour augmenter le nombre de mots que l’on manipule au quotidien, la lecture est probablement la meilleure solution. La poésie, en particulier, est une source d’enseignement très riche. J’essaie également de faire une grille de mots croisés de temps en temps - ça permet d’apprendre des mots comme bistre (“une couleur brun jaunâtre”), suret (“un goût aigre-acide”) ou éburné (“qui a l’aspect de l’ivoire” - à quoi pensiez-vous d’autre ?).
🏊♂️ Les mouvements : la technique !
La première fois que vous vous mettez à courir, il est probable que vous fassiez quelques erreurs. Et c’est normal : personne ne vous a jamais montré les bonnes techniques !
En écriture, c’est pareil. Les techniques peuvent être piochées à de nombreux endroits : en suivant des cours, des ateliers ou des masterclass, en discutant avec d’autres écrivains plus expérimentés, en comparant votre travail avec d’autres…
Être capable de se remettre en question est l’un des meilleurs réflexes pour un débutant : en s’interrogeant régulièrement sur ses techniques de travail, on ne peut que les améliorer !
🤩 Les modèles : des textes qui nous inspirent
Même pour les coureurs du dimanche, certains athlètes sont une source d’inspiration : parce qu’on souhaite leur ressembler… Ou parce que l’on admire la facilité avec laquelle ils réalisent ce qui nous demande tant d’efforts.
Alors, vous allez dire que je me contredis encore… Mais c’est vrai que l’un des meilleurs moyens de trouver des modèles, c’est de beaucoup lire, et d’identifier les textes ou les écrivains qui vous inspirent.
Mais attention, précision importante ! En lisant, on se familiarise avec les textes qui nous plaisent, mais on ne réussit pas toujours à mettre le doigt sur ce qui nous y plaît. Désormais, quand je lis, j’essaie également de prendre davantage de recul pour identifier pourquoi un texte me séduit - la forme, les figures de style, la manière d’introduire un personnage, le déroulé d’une scène d’action, etc.
🏋️♂️ L’entraînement : la pratique régulière
Si vous êtes amateur de course, vous le savez déjà : s’arrêter ne serait-ce qu’un mois, c’est la promesse d’une séance de reprise trèèès difficile. En écriture, c’est pareil : plus on écrit, plus c’est facile d’écrire. C’est aussi ce qui permet de surmonter plus facilement le syndrome de la page blanche.
Oui, la première fois qu’on va courir, c’est pénible. La deuxième aussi, mais moins. Et ainsi de suite. J’essaie de m’en souvenir quand je bloque devant ma feuille : je me force à persévérer, et je me dis que ce sera plus facile demain. En général, ça marche 😊
👀 Le coach : un soutien pour vous accompagner
Qu’il s’agisse d’un professionnel, d’un ami ou d’un membre de notre famille, nous avons tous besoin d’au moins une personne autour de nous qui nous accompagne, nous encourage et nous aide à progresser.
Cf. cette édition - J-177 : On a tous besoin d’une bonne fée
Mais attention : au même titre qu’en sport, pensez à vous appuyer sur une personne avec suffisamment de compétences pour vous faire des retours qui vous aident à progresser, c’est-à précis, concrets et exploitables. Dire “c’est super bien” ou “c’est bof”, ça ne permet pas de comprendre comment s’améliorer !
🥋 La discipline : tout est affaire de conditionnement
Ecrire, c’est comme courir : c’est fatiguant. Evidemment, quand on sait pourquoi on le fait, on se dit que c’est une bonne fatigue. Pour autant, ça demande beaucoup de discipline pour les jours où c’est dur de s’y mettre. La meilleure manière d’adopter cette discipline, c’est de se mettre dans les bonnes conditions.
En se réservant du temps pour écrire, en profitant des moments calmes pour faire travailler son imagination, en prenant le temps de noter les idées qui arrivent pendant la journée… Mais aussi en s’aérant l’esprit : en prenant du temps pour soi, en étant avec des amis ou en faisant des activités que l’on aime.
On peut être discipliné sans pour autant mener une vie d’ascète !
🔥 L’état d’esprit : la confiance en soi
Le dernier point, et non des moindres, c’est la confiance en soi. Face aux efforts, à la fatigue, aux sacrifices ou aux coups durs, nous avons tous régulièrement envie de renoncer. Mais il est fondamental de garder en tête son objectif final, et de s’accrocher à l’idée qu’on a les épaules pour l’atteindre. Sinon, on a vite fait de baisser les bras et de laisser tomber !
Non, je n’ai pas tous les jours envie de me mettre à écrire, loin de là. Mais je sais que j’ai envie d’aller au bout de ce roman. Et que sans un travail régulier, je ne saurai jamais si j’en suis capable !
Bref, pour conclure en revenant à la question initiale : oui, lire régulièrement apporte de nombreux avantages pour se mettre à l’écriture. Mais se contenter de lire est loin d’être suffisant : c’est en alliant la pratique régulière au fait de bien s’entourer que l’on a le plus de chances de progresser.
Hop, tout juste le temps de finir mes cadeaux de Noël, et il sera temps de s’y remettre…
Bonnes fêtes à tous, et à dans deux semaines ! 🎄
J-149.
La technique c’est beau mais à quand le plaisir de lire le contenu 😉