đâïž J-121 - Comment (rĂ©-)Ă©crire un livre ?
Créer des scÚnes marquantes en partant de zéro, comment ça marche ?
Bonjour tout le monde, bienvenue dans la 12Ăšme Ă©dition dâUn rĂȘve un seul !
Tout dâabord, merci pour votre fidĂ©litĂ© : lâĂ©dition dâil y a 2 semaines sur le bilan de fin dâannĂ©e a Ă©tĂ© lâĂ©dition la plus lue depuis que jâai lancĂ© ce projet, ça fait plaisir đ
Je suis en pleine phase de réécriture de mon cÎté. Ce qui signifie que pour la premiÚre fois depuis longtemps, je recommence à créer des scÚnes à partir de zéro au lieu de continuer à corriger les scÚnes existantes.
Je souhaitais donc profiter de cette Ă©dition pour vous raconter comment se dĂ©roule lâĂ©criture dâune scĂšne. Bonne lecture !
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Pourquoi Ă©crire de nouvelles scĂšnes ?
Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que je disposais dĂ©jĂ dâun manuscrit finalisĂ© au dĂ©but de ce projet. Alors pourquoi diable ajouter de nouvelles scĂšnes dans le corps du roman ?
En fait, ces scĂšnes sont liĂ©es au travail effectuĂ© sur la psychologie des personnages. AprĂšs avoir suivi le stage dâĂ©criture il y a quelques mois, jâai rĂ©alisĂ© que plusieurs scĂšnes de mon texte Ă©taient inutiles : elles nâapportaient rien au rĂ©cit ou Ă lâĂ©volution des personnages.
Jâai donc dĂ©cidĂ© dâĂ©liminer une majoritĂ© de ces scĂšnes, et de repenser en profondeur la psychologie des personnages du roman. Nous apprĂ©cions les histoires qui nous prĂ©sentent des personnages auxquels on peut sâidentifier. Leurs espoirs, leurs doutes et leurs tiraillements sont autant de caractĂ©ristiques qui les rendent profondĂ©ment humains.
Or, pour illustrer la maniĂšre dont se transforme le caractĂšre dâun personnage au quotidien, il faut le plonger dans une situation, et observer sa rĂ©action. Grosso-modo, une scĂšne sert à ça.
Lorsque les modifications que je souhaite apporter sont mineures, je peux repartir dâune scĂšne existante, quitte Ă changer quelques paragraphes ou Ă modifier certains dialogues. Dans dâautres cas, pour opĂ©rer des changements plus ambitieux, il est prĂ©fĂ©rable de repartir dâune page blanche. De jeter une scĂšne, pour en Ă©crire une autre Ă partir de zĂ©ro, quitte Ă recycler certains Ă©lĂ©ments.
Selon Bernard Werber, une fois posĂ© le point final au manuscrit de son premier roman, il faudrait directement mettre celui-ci Ă la poubelle, et recommencer Ă lâĂ©crire en entier, Ă partir du dĂ©but. Le premier jet est censĂ© permettre de se rendre compte des Ă©lĂ©ments intĂ©ressants dans lâhistoire, et la rĂ©Ă©criture de les placer au centre de lâintrigue. Autant vous dire que je nâai pas eu le courage dâĂȘtre aussi radical.
Sur lâensemble de mon manuscrit (initialement 94 scĂšnes), je remanie / remplace une quarantaine de scĂšnes, et jâen Ă©limine totalement 19. En tout, il me faut Ă©crire 25 scĂšnes pour aboutir Ă un manuscrit complet plus cohĂ©rent, dĂ©crivant mieux lâĂ©volution de la psychologie des personnages. Nouveau total ciblĂ© : 82 scĂšnes.
Ecrire une scÚne, comment ça marche ?
Lorsque jâavais Ă©crit la premiĂšre version de mon manuscrit, je nâavais suivi aucune rĂšgle âacadĂ©miqueâ sur lâĂ©criture des scĂšnes. Et je continue de croire que ce nâĂ©tait pas une erreur. Comme en peinture, mĂȘme sans aucune formation, nous pouvons tous commencer Ă crĂ©er dĂšs lors que nous avons une toile et un pinceau entre les doigts.
Le seul problĂšme, câest que le rĂ©sultat risque de laisser Ă dĂ©sirer. Câest pourquoi, aprĂšs avoir fait mes armes avec cette V1, jâai commencĂ© Ă rassembler des conseils Ă mĂȘme de mâaider Ă amĂ©liorer mon texte. Et plusieurs dâentre eux gravitaient autour de cette question : comment Ă©crire une bonne scĂšne ?
DĂ©jĂ , il faut avoir en tĂȘte quâun livre, ce nâest jamais quâune succession de scĂšnes. Et comme toute histoire, une scĂšne doit comporter un dĂ©but, un milieu, et une fin. Une scĂšne permet en gĂ©nĂ©ral de raconter un moment fort, de montrer ce qui arrive Ă un personnage.
đ„ Un dĂ©but marquant
Jâai souvent remarquĂ© que jâai du mal Ă commencer mes scĂšnes. Je sais ce qui doit se passer, je sais oĂč je veux en venir. Et pourtant, je ressens le besoin de commencer par introduire, par dĂ©crire, par parler de la pluie et du beau temps avant dâentrer dans le vif du sujet. Souvent parce que je commence ma session dâĂ©criture en mĂȘme temps je commence une scĂšne : jâai donc du mal Ă mây mettre directement lorsque jâouvre lâordinateur.
Pour y remĂ©dier, jâessaie dorĂ©navant de davantage travailler lâincipit - lâaccroche. LâidĂ©e, câest de commencer chaque scĂšne par une phrase marquante, qui embarque tout de suite le lecteur dans lâaction ou dans le propos du chapitre.
Comparons deux accroches :
Depuis hier soir, la neige tombait sur Paris.
Ce soir, ils vont commettre un meurtre.
Laquelle de ces deux phrases est la plus marquante ? La plus Ă©nigmatique ? Laquelle vous donne envie de continuer ?
Normalement, nous sommes tous dâaccord : prĂ©fĂ©rence pour lâoption qui ne parle pas de mĂ©tĂ©o.
𧶠Dérouler la scÚne comme une pelote
Une fois la scĂšne lancĂ©e, il est plus facile de se laisser porter. Comme aprĂšs avoir appuyĂ© sur Play pour voir un film : le dĂ©cor est plantĂ©, les personnages aussi. Il suffit de dĂ©crire ce qui leur arrive. Câest pour ça que je prĂ©fĂšre Ă©crire une fois 3h que trois fois 1h : câest plus facile de continuer sur sa lancĂ©e.
Cette phase est lâune des plus plaisantes en Ă©criture, oĂč lâon ressent Ă plein la sensation de crĂ©ation : lorsque la scĂšne se dĂ©roule presque devant nos yeux, et que les mots pour la dĂ©crire arrivent aisĂ©ment. Câest lĂ quâil y a le plus de bonnes surprises, qui peuvent ĂȘtre des tournures (âah oui ça sonne bien çaâ) ou des actions de certains personnages (âah mais câest pas mal si untel fait ça Ă tel moment !â).
Pour en savoir plus sur les personnages et leurs actes, vous pouvez lire cette Ă©dition : J-163 - La joyeuse schizophrĂ©nie đ€Ș
A lâinverse, il mâarrive aussi parfois de bloquer⊠Auquel cas je mettrai 1h Ă Ă©crire deux paragraphes, qui ne me satisferont guĂšre Ă la fin. Dans ces moments-lĂ , jâessaie de me forcer Ă rester devant lâĂ©cran pendant 1h-1h30. Mais en cas de rĂ©el blocage, il ne faut pas non plus hĂ©siter Ă lĂącher lâordinateur et Ă couper une journĂ©e pour se changer les idĂ©es avant de revenir devant le texte.
đ§ Une fin intrigante
Bref, en gĂ©nĂ©ral, une fois que jâai commencĂ© une scĂšne, je ne mâarrĂȘte plus jusquâĂ ĂȘtre satisfait de lĂ oĂč sont parvenus les personnages. Il y a eu une rĂ©vĂ©lation, un dialogue qui a fait Ă©voluer leurs relations, un obstacle a Ă©tĂ© surmontĂ©, etc.
Pour conclure la scĂšne, la derniĂšre technique intĂ©ressante est celle du cliffhanger : un rebondissement, une maniĂšre de faire renaĂźtre le suspense et la tension dramatique qui avait Ă©tĂ© amenĂ©e par lâincipit et qui sâĂ©tait peu Ă peu dissipĂ©e au cours de la scĂšne.
Une fois la scÚne achevée : la réécriture
Pour conclure cette Ă©dition, je souhaitais aborder ce qui se passe une fois la scĂšne achevĂ©e. En gĂ©nĂ©ral, je la laisse reposer quelques temps - lâoccasion de finir dâĂ©crire les autres scĂšnes manquantes.
Ensuite commence le travail de relecture. Lâobjectif est dâĂ©liminer les incohĂ©rences, puis de fluidifier et de raccourcir le texte, dâamĂ©liorer les tournures, dâĂ©laguer les parties de lâaction qui ne servent Ă rienâŠ
Mon enjeu principal Ă lâheure actuelle, câest de conserver la cohĂ©rence de lâensemble. Car Ă avoir Ă©liminĂ© des scĂšnes entiĂšres de mon manuscrit, je risque dâavoir Ă©galement ĂŽtĂ© certains dĂ©tails qui sont conservĂ©s dans dâautres chapitres. DâoĂč lâintĂ©rĂȘt de redĂ©couvrir son texte avec des yeux nouveaux !
Les stats de la semaine
Nouvelle section ! Etant donnĂ© que jâai mis en place un tableau de suivi de mes sessions dâĂ©criture, jâai une vue plus prĂ©cise sur lâusage de mon temps et mon efficacitĂ© dans les sessions. Depuis la derniĂšre Ă©dition (2 Janvier), voilĂ oĂč jâen suis :
Sur le roman -
5 pages Ă©crites (1233 mots, 2 heures)
38 pages corrigées (9500 mots, 4h)
Avancement global réécriture : 37 % (+ 7% depuis 2 semaines)
Sur Un rĂȘve un seul -
5 pages Ă©crites et relues sur le contenu (1300 mots, 3 heures)
6 posts écrits et relus pour la promotion sur les réseaux sociaux (750 mots, 1h30)
Conclusion
Ca y est, les amarres sont larguĂ©es, et la (longue) phase de rĂ©Ă©criture avance. Je mâaccroche pour la faire avancer, mĂȘme lentement, scĂšne aprĂšs scĂšne, pourcent par pourcent.
Rendez-vous dans 2 semaines pour la suite !
Hùte de découvrir tes personnages.